Vœux 2024

La tradition de formuler des vœux individuels et collectifs suggère que l’an nouveau sera meilleur, que des changements positifs interviendront dans la vie de chacun, que l’ordre mondial donnera assise à la paix. Les souhaits ont obligation d’être porteurs d’espoir, combien même le constat de la réalité pousse à un pessimisme grandissant. Les guerres, les flambées de violence, les démonstrations de force et de pouvoir par pays interposés, le rejet et la discrimination concernant des populations ciblées, la montée du fascisme, à l’observation, sont des indicateurs qui soulignent une escalade dangereuse capable de mener à l’embrasement généralisé des continents.

L’humanité est-elle en train de s’enliser dans un embourbement irréversible que nulle lucidité ne saurait tirer de l’impasse ? Du lieu où on se tient, des timides suggestions de dirigeants politiques, préconisant la fin des conflits sont de nature à démontrer qu’ils s’autorisent à désigner médiatiquement leur existence. La tonalité des mots est d’une grande neutralité afin d’éviter le risque d’une pénalité menaçante. Pendant ce temps, la destruction s’abat sur les personnes civiles les jetant dans un exode de souffrance ou sous des tentes dans des camps, dont se souviendront les enfants à l’innocence brisée. Oui ainsi va le monde.

La Guadeloupe fait partie du monde, épargnée par l’enfer des pays en guerre, elle n’est pas indemne d’une mal vie dissimulée par fierté, perçue cependant dans l’augmentation des demandes d’aide. Les maux dont souffrent les guadeloupéens sont endémiques, répétés inlassablement, sans qu’une édification d’un système sensé puisse y apporter une amélioration à défaut d’y mettre fin. Le raccommodage, souvent inapproprié, ne tient compte ni des besoins réels, ni d’une réalité climatique (l’exemple du barrage contre les sargasses est édifiant), ni des caractéristiques du vieillissement de la population recensée mais dont l’anticipation est inexistante.

On dirait que la projection dans l’avenir est une démarche impossible, contraire aux bâtisseurs de projet qui s’inscrivent dans un refus de l’urgence. Assurer au jour le jour, comme au temps où vivre était précaire, sans lendemain, se contenter de constat et surtout ne pas prendre de prérogatives, c’est trop lassant. Un changement de posture contribuerait à se hisser à un niveau acceptable de responsabilités. L’eau, les transports, l’absence d’emploi, le manque d’équipements et de personnels médicaux, la négligence des prises en charge du diabète et de l’hypertension, l’inadaptation de l’école, la lenteur administrative, une liste tellement longue qu’il faudrait des pages entières pour épuiser le sujet. L’impression d’une gestion financière inepte (les panneaux de trafiquera ont à prouver leur utilité) au détriment de l’essentiel, est source de mécontentement. L’inorganisation évoque le ratage des politiques publiques.

De plus, se ravivent les blessures d’un mépris affiché envers la demande de réparation de l’esclavage et de l’empoisonnement des terres par le chlordécone. Les suspensions des personnels de santé ont accru le sentiment d’une maltraitance due au doute d’un traitement imposé. Leur résistance a été acclamée. L’affichage d’attente déçue par les effets d’annonce a cimenté l’idée d’une grande indifférence envers la population.  Des ministres de l’Outre-mer et des solidarités sont nommés, les élus locaux connaissent le pays et les gens, pourtant rien ne bouge comme s’il y avait un immobilisme obligé ou peut-être trop à faire, ne pas savoir par quel bout commencer, alors s’asseoir, parler pour ne rien dire.

La Guadeloupe devrait-elle vouer aux gémonies ceux à qui elle accorde sa confiance, à qui elle la renouvelle ? Ou décider de prendre en main son destin en s’éloignant de la crainte du manque. Dès lors une introspection est indispensable. Analyser la dépendance, la peur de s’investir, le poids de la confiance en soi, l’abandon d’une détermination et d’une vaillance transmises, deviennent indispensable. Être soi, croire en l’avenir, sourire enfin à un choix de société reste dans le domaine du possible.

Bonne année 2024, que vos désirs émergent de réalités consenties, pour le mieux-être de la génération future. L’important est d’assumer ses choix. Mais où est passé le dossier qui préconise les prémices d’une décolonisation généralisée, crée par une commission depuis fort longtemps. Arrivera t’il jamais à émerger des limbes fantasmagoriques des maîtres du monde ?

Fait à Saint-Claude le 6 janvier 2024

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