Des champs de cannes et de bananes aux ministères : la femme guadeloupéenne

La mise en esclavage a engendré autant chez les femmes que chez les hommes une perte de repère imposée par le système de domination et de dévalorisation. Combien même ce désastre a démantelé leur vie, ils ont pu conserver des ressources d’humanité et de résistance, utilisant la ruse et le détour comme défense contre la mort psychique. L’édification de l’habitation a été à l’origine de la déportation de 12 millions et demi de captifs, d’Afrique vers les Amériques, dont 1million et demi sont morts durant la traversée. Sur le sol africain ils étaient des personnes avec un nom, une identité, un groupe d’appartenance. La traversée les a transmué en chose/ meuble qu’on pouvait vendre et acheter. Un démounage contre lequel ils ont dû lutter de façon permanente. Quelle fut la place de la femme dans cette machine à broyer les corps et les âmes dès lors qu’elle se trouvait au centre du dispositif de reproduction ? Comment a-t-elle réussi à concilier sexualité, intimité, maternité et chosification ? La vie quotidienne sur l’habitation étant régie par le code noir, devenue un bien sans droit, son mariage n’était autorisé qu’avec l’accord du maître. Rien n’empêchait qu’il ne soit dissout ni que le mari soit vendu à un autre maître indifférent à cette séparation. Dans un tel contexte comment faire couple, comment envisager la constitution d’une famille ? Difficile de s’investir dans l’entreprise d’être parent et d’en assumer les rôles.

Le corps de femme était convoité par les hommes de conditions différentes. D’abord le maître violeur qui se servait en premier comme ayant droit de jouissance sur son bien acheté, puis le géreur dans son autorité d’encadrement et enfin l’amoureux souvent libertin homme étalon s’il s’en faut, faisant démonstration d’un non-attachement. La natalité servile était forte la mortalité fœtale et infantile aussi. L’organisation du travail a donné lieu à des différences de statut. Les habitations sucrières avec un nombre d’hommes plus élevé, les caféières avec plus de femmes donc plus d’enfants ainsi que les habitations cotonnières et vivrières, traçaient une ligne de démarcation entre les personnes réduites en esclavage. Ils étaient répartis selon des qualifications : travailleur des champs, domestique, ouvrier, en atelier sous la surveillance d’un contrôleur homme. Fanchon a été la première femme âgée de 73 ans à diriger un petit atelier dont les activités étaient de ramasser la paille, semer les plants, arracher le manioc. Les femmes dans ces petits ateliers se chargeaient de la santé des enfants et de leur éducation. En général elles étaient infirmières, nourrices, accoucheuses expérimentées par l’âge. Elles se chargeaient du linge des malades concoctaient des remèdes sans aucune compétence médicale, préparaient les repas des convalescents. Blanchisseuses ou couturières, les domestiques servent de rempart entre les maîtres et les autres. Ils sont leurs yeux et leurs oreilles.

La différence de statut n’est pas le fait unique de la répartition des tâches. Elle s’ancre aussi dans la hiérarchie des couleurs de peau. La catégorisation d’une échelle de valeur va influencer la représentation de la femme réduite en esclavage. Au sommet se trouve la métisse ayant 3 groupes de parents blancs sur 4, suivie de la mulâtresse avec 2 groupes de parents blancs sur 4. Puis arrive la capresse, un groupe de parents blancs sur 4, ensuite la créole née sur l’habitation, et au bas de l’échelle l’africaine première génération. Plus l’ascendance blanche est importante, plus l’estimation de la femme est élevée. Le prix à la vente est fonction de la graduation de son teint. Au sein de la plantation les femmes ont exécuté des tâches différentes de celles des hommes. Cette proximité leur a permis de créer un réseau de coopération et d’interdépendance nécessaires à leur survie. Les fonctions diverses ont favorisé l’entraide, la solidarité féminine dans la transmission de savoir-faire en direction des filles. Hormis leur force de travail, elles procuraient des plaisirs sexuels sous la contrainte au maître. Porteuses biologiques et légales du statut de bien mobilier, pourvoyeuses d’enfant constituant le cheptel de la plantation, le système de production et de reproduction les modelait en « bien parfait ». Le modèle économique de l’esclavage était fondé juridiquement et socialement sur le statut de biens mobilier des femmes réduites en esclavage. Elles étaient le centre de cette construction fertilité/ production. La maternité obligeant la femme à assurer l’élevage des enfants, cela la maintenait dans ces lieux de souffrance, sacrifiant sa soif de liberté afin de préserver un statut de mère.

Quelques-unes pourtant, lassées d’être battues s’enfuyaient quelques jours, mais revenaient s’occuper des petits. Plus facile pour celles, libres de lien maternel de marronner. Certaines sont connues. Par exemple Harriet Tubman née en 1820, afro américaine, appelée la Moïse noire a maronné. Elle a été tour à tour ouvrière agricole, blanchisseuse, infirmière, cuisinière. Elle a favorisé la fuite de certains. Elle mourut en 1913 à l’âge de 93 ans. En Guadeloupe, la mulâtresse solitude, compagne de Delgrès fut condamnée et pendu à l’âge de 30 ans. Figure de résistance comme Gertrude, accusée d’empoisonnement, qui fut brûlée sur le bûcher en 1822 à Petit-Bourg. On évoque peu les femmes qui ont marronné, la maternité mettant un frein au départ. La domestique attachée à la grand’ maison était évoquée comme un être sans consistance. Pourtant sous le masque obséquieux de la soumission, elle parvenait à transformer son invisibilité en pouvoir. Devenue indispensable, elle occupait l’espace de vie, organisant le quotidien sa guise. Nourricière, son lait alimentait le bébé de la maîtresse avant le sien, la campant dans un rôle de mère de substitution. Elle était en butte pourtant à une triple oppression puisque soumise aux adultes et aux enfants du colon fille et garçon. Faisant partie de l’univers de la famille, elle pouvait mettre en place des stratégies de préservation de son intégrité psychique. Elle savait saisir l’opportunité de s’insérer dans des réseaux qui paraissaient anodins, par exemple des mutuelles /décès, des groupes catholiques qui apparemment ne mettaient pas en danger le système établi. Symbole de renforcement du soi, ce tissage de lien a participé au maintien de son humanité. L’isolement et les relations paternalistes qui la reliait au maître, l’ignorance du pays, compromettait la possibilité d’insurrection générale mais n’impliquait pas une docilité profondément consentie.

L’histoire de l’esclavage fut celle de multiples actes de résistance plus ou moins violents, plus ou moins visibles, qui allèrent de la fuite au meurtre en passant par le sabotage et la rébellion. La sévérité du châtiment ne suffit jamais à la dissuader. Un cas de résistance à la servitude est relaté dans l’ouvrage « The Story of Mattie Jackson » en 1866. Ne pouvant physiquement s’opposer au fouet, la mère le fait cuire et le donne à manger à ses enfants. Dans cette stratégie de détour, manger l’instrument de torture, c’est cannibaliser l’esclavage, le fondre en soi, le faire disparaître en l’incorporant. Le fouet objet de douleur se transforme en objet de satisfaction. En psychanalyse, l’identification à l’agresseur dans le fait d’utiliser le fouet durant le carnaval comme moteur de festivité, est un mécanisme de défense qui donne l’illusion au mas de prendre le pouvoir, de défier celui qui prescrivait le rythme de la vie et de la mort, de le terroriser à son tour. Lui le descendant de l’ancêtre, il devient le dominant. La puissance a changé de camp. Mais l’objet fouet s’engage dans une perte de sens quand il participe au concours du fouet d’or. Instrument de torture il ne saurait faire l’objet d’une valorisation ou d’une sublimation à la recherche d’un idéal.

L’habitation n’a pas été l’unique lieu de vie de la femme. A la ville, elle s’élève économiquement et commence à acquérir une détermination autorisée par la gestion totale des affaires du colon. Le mode de vie urbain lui donne une dimension autre grâce à ses qualifications. Les couturières, les cuisinières, les domestiques, étaient louées par leurs propriétaires à qui elles devaient remettre l’argent gagné. Elles participaient à la prospérité de la ville mais aussi à celle des femmes blanches dont l’apport financier dans le secteur des plantations rurales était minoritaire. Elles tiennent des épiceries, des boutiques s’occupant du négoce du maître. En même temps, le blanchissage et le repassage du linge sont la 2e activité derrière la domesticité. Ce service payant, plus la vente des produits culinaires, artisanaux confectionnés de leurs mains, les aide à engranger un pécule à des fins de rachat de leur liberté. C’est le juge local, après audience, qui en fixait le prix. Alors que les filles se forment au métier de couturière ou de blanchisseuse, au contact de leurs aînés ou de la propriétaire sans passer de contrat d’apprentissage, les jeunes garçons eux bénéficient d’une formation selon les besoins du maître qui en assure le financement.

 Esclavage et héritage : la relation à l’homme

La culture antillaise donne à voir la mère comme base d’images gratifiantes versées dans tant de générosité, qu’elle est devenue une création modèle. Son impact sur le groupe révèle une influence directe sur les comportements. On ne peut qu’être saisi par le retour constant de la pensée à la permanence de l’amour maternel, à sa qualité imposée peu à peu, en regard de ce qui est voué à la construction de l’édifice, au cycle des recommencements. La légitimité de ce personnage hors du commun se trouve emportée dans le cours d’une destinée liée irrédiablement à sa progéniture, explicitant son rôle et sa place dans la création de la société.

L’imago maternelle s’apparente au mythe fondateur dans une chaîne signifiante : BET A MAN IBE. Femme transformée en truie par un sorcier jaloux, elle parcourt les rues la nuit, entraînant dans son sillage des petits cochons, ses enfants, dans une cacophonie de bruit de chaîne, de grognement et de cris. Nul ne sait quelle fourberie du sort ou quel intérêt des puissants les ont jetés sur cette terre ou ne peuvent pousser que la misère et la faim, mais le fait est qu’ils sont condamnés sans espoir. Bêt-à-man ibê symbolise l’éternel ressentiment de la victime à la fois malheureuse et satisfaite de sa condition de victime parce qu’elle rappelle la lâcheté du bourreau. Elle renvoie à cette permanence du centrage des responsabilités dû à la cruelle défection de l’homme dans un viatique d’images où il y a le quotidien, le banal presque archétypal d’une mère à qui incombe seule le fardeau des enfants dans lequel s’ancre les convictions les plus profondes voire les plus connues qui commandent les gestes et animent les consciences. La vertu et l’esprit du mal se partagent les territoires de la famille. Le refus du lien social du père montre avec netteté le danger des passions effrénées, des mensonges diaboliques, des subtiles cruautés doublés de la souffrance d’un être amené à sa perte entourée d’innocents accrochés à son flanc. Le cliché d’un combat solitaire pour la survie, d’une apparente simplicité mais souveraine à rendre l’émotion contenue et le désarroi des retours en arrière impossible, raconte le courage modeste et digne par-delà les heurts du destin, d’une femme qui perpétue le risque et le refuge, l’évidence et le secret, renouant le sens de la maternité comme symbole social imposé au corps par un désir violent. La femme et les enfants forment une communauté de laissés-pour-compte, soudés par l’aridité d’une existence que seule adoucit la plainte par laquelle se confesse la solitude. L’esquisse s’attache à justifier l’histoire du fondement essentiellement féminin de la cité, directement dérivée du partage égalitaire du destin de la femme et des enfants.

Elargie au rôle de protectrice et de nourrice, la truie est un animal polymastique (plusieurs seins) où s’ancre l’idée de la fertilité sans père. On plonge dans les formes indécises de la bisexualité de la femme que draine en outre une fantasmatique parthénogénétique ou pis, d’autofécondation, car la parthénogenèse autorise quelquefois l’éruption du mâle. Pwemié lenemi aw sé mawi aw. Ou sétin manmanw ou pa sétin papaw. Ton premier ennemi, c’est ton mari. Tu es sûr de ta mère, tu n’es pas sûr de ton père. Deux énoncés lapidaires à propos de l’homme et du père. L’un dit la méfiance de la cohabitation avec le mauvais objet à l’affût d’une faute ou d’un manquement dont la présence n’induit aucune sécurité, ancré dans une sphère où la parole le désigne adversaire d’une épouse victime à venir d’une relation faussée à la base. L’autre dit, qu’agresseur depuis le départ, il ne peut prétendre être reconnu comme père d’un enfant investi et intégré dans la seule lignée maternelle. Nous sommes là dans l’inquiétant et le familier. Pourquoi ? D’abord dans les temps révolus de l’esclavage était désigné comme étalon le plus beau mâle de la plantation dont un des rôles était d’ensemencer les femmes réduites en esclavage afin de constituer un cheptel humain au moindre coût. Aucune n’avait de rapport privilégié à l’homme, géniteur de plusieurs enfants appartenant au maître dont la seule injonction distribue ta semence, le ravalait à un membre fécond, chosifiant son sexe comme instrument de soumission, de jouissance et en même temps de torture. Soumission à la loi du dominateur, jouissance de ce même dominateur par procuration, torture pour les femmes violentées. L’épouse du maître feignait d’ignorer ses agissements auprès de belles et jeunes femmes réduites en esclavage désignées pour sa couche. Celles-là bénéficiaient d’un régime de faveur sur la plantation, combien même il disposait aussi d’autres femmes au gré de son plaisir à leur corps défendant, sans que l’homme quelquefois habitant la case ne réagisse. Cette blessure narcissique, plus profonde pour le féminin a orienté la rancœur contre cette présence /absence, rabaissant l’homme noir au stade d’un personnage inutile et incapable de défendre la femme et l’enfant. La décision de bannissement l’a inscrit au registre de la dette. Rien ne s’hérite tant que le bannissement. Le sentiment d’être étranger à lui-même, de n’exister que de façon fugitive dans le regard de l’autre ou dans son rejet, mal ancré dans l’espace familial et impuissant face aux forces incompréhensibles qui régissent son monde, sa quête vient parfois se cogner au mur, se blesser aux autres, cherchant un cadre, des limites, un contenant qui lui donne forme et le rassure sur ce qu’il est devenu. Il est évacué du désir de la femme. Menacé par la toute-puissance des forces fantasmées de la paternité, il doit s’engager dans le bal des désillusions. Le père réel est partout et jamais à sa place, et chercher sa maison équivaut à la perdre. Tantôt paré d’or et maître du monde, tantôt en guenilles et réduit à néant. On cherche son âme comme un peu. Mais comment lutter contre cette frontière qui démêle le connu de l’inconnu, celle qui marque le territoire de l’autre, celle qui sépare le passé du présent, celle qui départage le conscient de l’inconscient ? En même temps toute limite meurtrit, rogne ou ampute, réveillant les blessures anciennes et rappelant la profonde détresse cachée sous les fantasmes d’omnipotence.

Le père idéal est un père symbolique. Il est celui qui par procuration s’octroyait la paternité de nombre d’enfants à l’instar de sa propre progéniture. Créateur par excellence d’une société métissée la déculturation réussit va le conserver dans un désir maternel infini où l’imagination donne libre cours à une sortie d’un destin déplorable d’enfants voués à la servitude. Père réel, père symbolique, certains jours les miroirs sont vides mais on peut apercevoir la pâle figure d’un être flou rodé vers la chaleur des corps, vers la gorgée de vie qui lui donnera une existence. Le père est de moins en moins incertain, dès lors que la revendication culturelle a sorti les peaux d’ébène des replis de la dévalorisation. Mais il ne reste pas moins décrié à cause de la place des corps, de la place du corps maternel rassurant et son ombre inquiétante pour lui.

 

Des champs de cannes à l’université

 En 1830 quand la femme française manifeste pour l’obtention de ses droits, en Guadeloupe, les rêves de liberté enfouis ne se sont jamais estompés malgré le collier de servitude. Une pétition des hommes de couleur libre de la Guadeloupe signé à Pointe-à-Pitre en octobre 1829 réclamait leur égalité civile et politique avec les blancs. En 1847 une nouvelle pétition abolitionniste circulait signée par des hommes de race africaine de la Guadeloupe non plus comme hommes de couleur libre. La femme n’apparaissait pas au premier plan. Lentement elle luttait contre la ségrégation raciale par un dépassement de soi sur le plan intellectuel. La première abolition en 1794 avait favorisé une volonté d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais seuls les enfants clairs de peau et d’affranchis ou de libres, allaient à l’école. Plus tard, les autres ont pu accéder à l’instruction.

Les réussites de la société noire étaient plus intellectuelles que financières, elles ont donné lieu à l’émergence d’élites noires. La paupérisation était plus large chez les libres qui n’avaient pas de patrimoine aussi conséquent que les blancs qui en plus des plantations avaient reçu des indemnités compensatrices comblant la perte d’une main d’œuvre servile. L’investissement dans l’école a porté ses fruits et nombre d’enfants grâce au travail de la mère a pu accéder au savoir. La rue case nègre de Joseph Zobel est l’exemple parfait de ce qui pouvait animer la volonté de sortir de la misère. Des modèles de femme dont une des pionnières est Gerty Archimède ont ouvert la route à d’autres. Les filles aujourd’hui sont médecin, chirurgien, scientifique de haut vol, cheffe d’entreprise, pilote d’avion, écrivaine, elles continuent à s’inscrire dans tous les domaines professionnels.

L’émancipation féminine a eu comme base l’accès à la connaissance et à l’éducation scolaire. Le contrôle des naissances par le biais de la contraception a favorisé les projets professionnels et la progression vers les postes à responsabilité. Ce ne fut pas facile de convaincre le partenaire engoncé dans un soupçon d’infidélité envers ce corps non fécond momentanément ; les femmes elles-mêmes ont eu du mal à accepter cette pilule contraceptive qui faisait grossir empêchait les règles disaient elle. Peur nettement formulée envers ce stérilet qui piquait et risquait de se loger n’importe où dans l’utérus. L’indépendance financière, la gestion du salaire, ont modifié le rapport à autrui. D’autres perspectives ont illuminé le quotidien : devenir propriétaire, se faire plaisir, décider entre besoins et désirs. Est enfin arrivé l’engagement politique et les fauteuils de ministre. Lucette Michaux-Chevry, Marie Luce Penchard, George Pau-Langevin, Laura Flessel, Victoire jasmin, Justine Benin. Marcelle Pierrot première femme guadeloupéenne nommée préfète en Guadeloupe. Que de chemin parcouru sans s’essouffler. Quand l’ancêtre était courbé sous la canne et la banane, des femmes dansaient au château de Versailles. Aujourd’hui les femmes guadeloupéennes les ont rejoint et parfois dépassé.

Les droits des femmes

Des luttes incessantes, depuis le droit de vote en 1945 et l’obtention du compte en banque en 1967, ont hissé la femme au niveau de l’homme : même droits, même devoirs. La maternité célibataire en fait naturellement un chef de famille. Les féministes continuent la lutte afin qu’à diplôme égal, salaire égal, la femme bénéficie de justes mesures. Reste à établir le droit de vivre libre de toute violence et discrimination. Mieux sanctionner le sexisme, les violences sexuelles reste un impératif. Mener de front vie sociale, vie professionnelle, vie familiale, n’est pas chose aisée car l’image bien ancrée dans l’inconscient est celle avant tout d’une bonne mère. Culturellement, la femme conditionnée, s’est adaptée à un milieu externe et tout changement implique une modification intérieure de son être. Elle doit dès lors composer avec le vouloir, la culture et son environnement. L’articulation des différents éléments concilie la liberté et la contrainte. Et si elle veut gagner elle doit adapter une stratégie rationnelle en fonction de son entourage et en respecter les règles.

L’émergence des femmes dans la vie sociale et familiale entraîne de nouvelles relations entre les sexes. Certains hommes s’en félicitent et souhaitent que la tendance des femmes à être plus libres et indépendantes et à s’assumer seules, se poursuive. D’autres vivent mal la transformation actuelle des images respectives des hommes et des femmes et souhaitent que l’on revienne à des valeurs plus familiales. Des hommes trouvent qu’il est beaucoup plus difficile d’être un homme que la génération de leur père ; ils se sentent de plus en plus mal car ils n’ont pas perçu ce changement d’inversion des principes. La femme a défait en quelques décennies ce que les siècles précédents avaient patiemment construit, entretenu et préservé. Cela crée un écart entre la rapidité du progrès et la lenteur de son adoption par la société. Elles sont à l’origine de la difficulté à vivre à une époque où la civilisation est riche de nouvelles bases, et pourtant elles constituent les fondements d’une ère qui commence à se mettre en place. L ‘aventure affective contemporaine ouvre sur des problématiques telles les questions de reconnaissance, de la nécessaire redéfinition d’une cohésion sociale face à une intégration chancelante de la prise en compte des désirs de chacun et de l’acceptation de la différence.

Fait à Saint-Claude le 21 mars 2025

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