Publié dans Le Progrès social n°2693 du 28/11/2008
Les consultation psys commencent à rentrer dans les mœurs mais ce n’est qu’au décours d’une déception amoureuse que l’homme aborde en pointillé sa défaillance sexuelle. En proie aux stéréotypes dans une société où la virilité est hissée sur l’autel de la domination et du pouvoir, avouer ne pas atteindre le firmament des dieux est déstabilisant. Ainsi, l’édification d’un sérail élargi, conforte et donne assise à une puissance qui devrait susciter de la jalousie. Les grands-pères concrétisaient cet état de fait par nombre d’enfants hors du domicile. Aujourd’hui l’obligation à reconnaissance et à pension alimentaire réduit à un, l’enfant né d’un autre utérus que celui de l’épouse.
Le plaisir s’affiche, se dit pour un sexe ; tandis que pour l’autre il en est autrement.
La télévision, les magazines ont réduit le désir en le banalisant. Afin de le retrouver, les propositions sont axées sur la perspective de postures érotiques. Les dessous affriolants, les jeux agaçants, les préliminaires à l’acte signent une ligne de partage entre les classes sociales, le couple avec ou sans enfants. Une jeune femme à qui il était suggéré de cuisiner nue derrière son tablier, face à l’évidence d’une absence de désir de son conjoint, s’est sentie désemparée : « Tu te rends compte, et si ma mère me trouvait comme cela ; la honte ! » La peur du ridicule aussi vis-à-vis du mari : « Il pensera que je perds la tête. » Les enfants viennent en paravent à l’anormalité d’une conduite jugée débridée. A la limite, ceux dont l’éducation sexuelle a été faite ont connu ces jeux érotiques avant que les corps ne vivent sous le même toit. L’amour socialisé prend allure d’une norme que seuls les amants transgressent. La plupart des couples font l’amour dans le lit. De temps en temps, une fantaisie déroge à la règle établie du lieu : la cuisine, la salle de bains. Quoique après des paillettes illuminent le regard, personne ne prend l’initiative d’un recommencement. La femme et l’homme disent rarement leur point de sensibilité, la zone érogène : « Il ou elle n’a qu’à la trouver » Un jour l’orage s’installe dans l’habitat parce que le cousin a gratté une nuque, provoquant un bond accompagné de soupir et frisson généralisé, asseyant plus loin la dame molle et languissante. L’inconnue après cinq ans de vie commune a perturbé l’époux.
La fidélité n’est pas démodée. Les partenaires dont la communication est permanente, énoncent l’infidélité comme un interdit à ne pas transgresser. C’est un modèle immuable dans la société. Certains sujets mènent une double ou une triple vie sentimentale. Ils considèrent que l’on peut être amoureux de deux personnes à la fois. Le polyamour n’est plus l’apanage du masculin : les épouses aussi. Même si une majorité pense qu’il est indispensable d’être fidèle pour réussir pleinement une relation amoureuse. Elles associent l’acte sexuel au sentiment et justifient l’infidélité au mariage par dépit. La possibilité de quitter momentanément le domicile conjugal pour un coup de foudre est envisagé par les deux sexes. C’est vrai qu’une certaine presse féminine prône la liberté et l’égalité par l’infidélité. Celle de l’homme ne surprend personne autre que son épouse, mais celle de la femme est décriée même par d’autres à l’attitude identique. L’infidélité masculine a pour causes :
- L’infériorité inconsciente qui institue une division des courants tendres et sensuels, une division relative à l’objet opposant l’épouse et la maîtresse. Celle avec qui on fait des enfants et celle avec qui on vit imaginairement sa sexualité n’est pas la même. La seconde appartient souvent à une classe sociale inférieure : « J’interdis à cette femme de m’approcher en présence de mon épouse et en cas d’impossible, il lui faut me dire monsieur. » Derrière cette femme infériorisée dans l’inconscient de l’homme se dissimule la figure inverse de l’objet d’amour idéalisé : la mère.
- Le refus de faire participer la partenaire à des jeux sexuels dangereux, alors que un ou les deux les recherchent dans des relations extra conjugales riches mais sans engagement. L’aventure extra conjugale qui évite la relation binaire est un mode de défense.
- La volonté de concilier stabilité du mariage et piment d’une liaison secrète.
- Le désir de retour à l’adolescence : redevenu papillon, butiner le ramène à une jeunesse dont le deuil n’est pas fait.
- La recherche d’une liberté individuelle qu’il croit avoir perdue et qui se manifeste par un investissement des liens sociaux ( jardin secret). Quelquefois pour préserver une autonomie menacée, une explosion passagère de haine secoue un lien resté très investi.
- La transgression d’un interdit religieux.
L’infidélité féminine s’explique :
- Par réaction à l’infidélité de l’homme.
- Pour attirer l’attention sur soi en cas d’indifférence. A telle enseigne que l’acte manqué survient pour alerter l’aveugle : une lettre froissée dans la poubelle, un sac à demi ouvert où elle dépasse, des retards prolongés.
- Pour se venger d’un mari méprisant.
- Par rapport à la problématique de l’inceste ou des attouchements durant l’enfance.
L’infidélité ne supporte pas une représentation identique d’un sexe à l’autre. L’homme refuse l’infidélité de la femme, évoquant la morale, les valeurs religieuses, sa fidélité. La blessure demeure vivace et de plus en plus les consultations psychologiques permettent la libération de la parole. Certains infidèles ne reconnaissent pas la jouissance d’une femme qui va à l’hôtel, lieu d’un plaisir inouï fantasmé. Le malaise persistant conduit à la déprime ou au comportement caractériel.
Les dysfonctions de la sexualité du couple
Le viol puni par la loi est rarement dénoncé. La migraine diplomatique en voie de disparition génère des conflits à cause du non opposable. Vécu comme un rejet, la prise du corps et son forçage font affleurer la relation de pouvoir. Un doute permanent distille son venin envers l’indépendance de la femme vis-à-vis des finalités reproductives. Elle échappe à la grossesse et peut faire ce qu’elle veut. Quelques maris sont contre la contraception.
Le coït anal jugé dégradant, tu longtemps à cause de la honte qu’il engendre. Par crainte de perdre l’aimé, aucune parole de désapprobation ne vient mettre fin à un tourment.
L’inceste puni par la loi, qui en proportion infime fait l’objet d’un pacte non-dit. Des mariages ont été célébré après menace de dénonciation, au détriment de la santé psychique de l’enfant.
L’avortement au pourcentage égal à celui des 17/25 ans. Les femmes de quarante ans et plus avortent autant que les filles. Comme elles ont déjà des enfants, aucune inquiétude n’énonce les chiffres. Le coup de pompon hormonal n’est pas suffisant à rendre compte d’un tel comportement. Elles induisent un dialogue avec l’homme faisant sens : « Je suis encore jeune et désirable » mais le châtrent en même temps : « Toi aussi tu peux encore, mais j’annule ta virilité. » L’immortalité ou l’éternelle jeunesse harcèle l’inconscient des femmes et des hommes. La demande de viagra va dans cette direction..
La réussite du couple n’est pas que sexuelle. Les sentiments y ont une grande place.