Une grève ayant pour objet la lutte contre la vie chère, commencée à la mi-décembre et interrompue avant les fêtes de fin d’année, a le 20 janvier remobilisé les syndicats regroupés en « lyannaj kont pwofitasyon » LKP : fédération contre les abus. Le titre en français ne suffit pas à rendre compte du sens contenu dans les mots créoles.
Lyannaj correspond à l’idée d’un tissage, d’une intrication des liens renvoyant à l’affectif mais aussi au sentiment d’appartenance. Ce qui est tissé, ne peut plus être détissé à moins d’être déchiré.
Pwofitasyon décrit cette force d’acharnement du profitantabuseur qui ne cesse d’écraser sa victime, à la recherche d’une certaine jouissance. Son objectif est de la dominer. Le profitantest généralement un lâche qui ne s’attaque qu’aux faibles. Le collectif LKP a comme porte-parole le secrétaire général de l’UGTG.
Le cinquième jour de grève, une foule descend dans la rue exhortée par le mouvement. Des négociations sont décidées avec la participation du Président du Conseil Général, celui du Conseil Régional, des élus parlementaires de la Guadeloupe, des représentants sociaux professionnels (le patronat), du Préfet représentant l’Etat, en poste depuis peu.
La réunion est prévue au WTC à Jarry, à 16heures. Le sous-préfet est à l’accueil. Les personnes autorisées à suivre les débats sont inscrites sur une liste et entrent à l’appel de leur nom. La séance est coordonnée par un président en même temps modérateur. Il introduit le propos et rappelle cette règle du respect qui devra régir les échanges : « Les gens nous écoutent, la jeunesse nous regarde. » En effet, pour la première fois radio et télévision sont invitées à participer aux négociations. La population amassée autour du WTC, les téléspectateurs, les écoutants, voient et entendent les acteurs du social porter à la face du monde les difficultés endémiques anciennes, les situations aggravées par la crise financière mondiale, les discriminations surajoutées favorisées par une politique gouvernementale axée sur le capital. En vrac sont évoqués le constat d’appauvrissement, le taux du chômage et le recrutement hors département faisant du guadeloupéen un étranger sur son sol natal, le prix du loyer et les conditions déplorables du logement, la question de l’errance des jeunes, la liquidation des hôtels après profit, le coût des denrées alimentaires de base (30 à 40% plus élevé qu’en France) : 146 points de revendications dont les principaux sont présentés sans affinage ni ordonnancement. Les problèmes sont institutionnels, politiques, culturels, sociaux. Le représentant de l’Etat insiste sur la méthode : faire le tri entre ce qui relève des compétences des collectivités locales et de celles de l’Etat. Tous les autres partis s’engouffrent dans la brèche ouverte de la méthode, chacun allant de sa rengaine des réponses graduelles : immédiates, à court et à moyen terme.
Six heures durant les discours sur la méthode ont différé la prise de position alors que le collectif rappelait qu’il fallait « créer de nouveaux outils répondant aux exigences sociales afin d’instaurer de nouveaux rapports sociaux. »Après deux suspensions de séance, l’évidence d’un ronron soporifique a justifié le rappel d’un lendemain moins lénifiant : « Nous sommes venus faire des propositions, vous refusez. La seule réponse sera la répression. » La rencontre aboutit à un échec. Rendez-vous est pris pour le lendemain 16 heures.
Lundi on attend le LKP : la population a rendez-vous devant la télé, elle ne voudrait le manquer pour rien au monde. Le parler français a pris le pas sur le parler créole quotidien des syndicalistes. Tous, quelle que soit leur origine ethnique, doivent se rendre compte de la gravité des préoccupations du mouvement.
L’arrivée à 17 heures 30, entre deux haies formées par leurs compagnons se tenant par la main en guise de protection, a précipité dans les chaises à l’intérieur, les autres, appelés à négocier. Avant de franchir le seuil un des membres a affirmé à la télé « Rien à partir de maintenant ne sera comme avant. Yo ké fouté nou a té si yo vlé. (on nous tuera s’il s’en faut) »Quand arrive son tour, le porte-parole du collectif raconte la fouille individuelle subit par le groupe. Des dispositions seront prises afin que cela ne se renouvelle pas, affirme le Préfet.
La séance commence par une envolée lyrique à la Saint Justdu président du Conseil régional, pour s’étaler pendant quarante cinq minutes en rapport d’activités. Après son mutisme du samedi, télé exceptée, il se déverse en accusations envers le gouvernement, se justifiant d’être bon gestionnaire des milliers d’euros dépensés. Il parle de lui : « Je sais où je vais », de l’esclavage, de la condition d’élu, il se gorge de mots. Cela change de la sobriété du verbe du président du Conseil Général : « Je suis prêt à examiner sans apriori ces questions. Mettons tout à plat. Travaillons ensemble afin de trouver des solutions » dit-il après le constat de vie chère. Le représentant de l’Etat dans ses mots d’introduction assied à la table le spectre de Barack OBAMA : il prononce le yes we can à la mode cherchant probablement la connotation affective, tel De GAULLE avec le : « Je vous ai compris. »de son temps. Il revient sur le tri et la méthode à employer. Puis il affirme sa détermination à garantir les libertés, assurant les fonctions essentielles de la démocratie. L’image des urnes surgit dans les esprits. Il dit que la vie chère est la priorité du gouvernement. La seule proposition avancée par lui est la constitution des groupes de travail avec à sa tête un représentant. Il renvoie au lendemain des réponses affinées et essaye d’obtenir l’arrêt de la grève comme préalable à toute négociation.
La réaction est à la mesure de la démarche osée : forte. Elle souligne une volonté de pourrissement de la situation, une volonté de répression. Les échanges s’animent et provoquent une diatribe pathétique de la part du maire de la commune la plus peuplée. Il décrit la souffrance des administrés, le quotidien perturbé, l’amoncellement des ordures, l’incapacité à se déplacer. IL assimile leur souffrance à la sienne, introduisant un peu d’humanité dans cette hypocrisie d’un jeu politique.
Cette humanité se donne à voir le lendemain avec la représentante des personnes ayant un handicap, dans un fauteuil roulant, présentant simplement et avec dignité son cadre de vie, levant le voile sur une réalité financière précaire constituée d’un minimum au-dessous du minimum. Un atout incontestable pour le LKP.
Les deux autres jours de négociation se sont appesantis sur des conférences de spécialistes instruisant de sujets économiques, faisant partie du clan du pouvoir exécutif, ralentissant les débats, ponctués par l’édification de défense d’un patronat présent pour la forme, convaincu que les rêves ne sont que des rêves. Le MEDEF n’a jamais dévié de cette « exigence de vérité. » La chose sue mais tue.
La grande stratégie profitable à LKP a été de permettre au public de suivre ces débats jour après jour et de percevoir une certaine vérité : un autre éclairage des rôles et des fonctions des parlementaires. Il y a un réel décalage entre ce qui est supposé de leur pouvoir et la réalité. Les limites qui leur sont opposés les cantonnent à répartir un budget préétabli. S’il est utilisé à d’autres fins, le détournement de fond les accable d’une procédure judiciaire. Au parlement aucune de leur suggestion n’est écoutée d’une oreille attentive : l’outre-mer coûte trop cher à l’Etat. Avant d’obtenir la moindre parcelle de revendication leurs cheveux ont déjà blanchi. Cette parole dite, a résonné dans le petit écran abasourdi par ce qui ressemblait à une révélation. Ils font semblant de décider de la pluie et du beau temps alors qu’il n’en est rien. Voilà que surgit l’objet leurre ; un objet leurre identique aux prérogatives du préfet le premier jour qui à l’observation s’est probablement identifié à l’Etat. Sa conduite le quatrième jour de négociation, après l’énoncé des mesures décidées par le ministère, son départ à la table des négociations donnent à penser qu’un rappel de sa fonction a resituer le cadre auquel il devait se limiter.
Il a semblé intéressant d’étudier les paramètres qui ont interféré dans les relations à l’œuvre dans ce débat. :
Les mots. L’évocation d’un changement de statut par une maire n’a laissé passer que : « C’est une affaire législative »soucieuse de ne pas évoquer à ses yeux le pire. A appeler le malheur, sait-on jamais. Elle n’a pas hésité à faire flotter l’ombre d’une menace en tirant de l’oubli la période de l’histoire de l’année 1967, quand des hommes demandant des choses extrêmes ont été emprisonnés. De manière doucereuse, semblant vouloir mettre en garde les enfants de la Guadeloupe, elle a tenté une déstabilisation. Elle désirait partager avec les téléspectateurs ce qu’elle avait compris de la démarche du LKP : elle nommait l’innommable.
Agiter le drapeau de la peur est une manière de disqualifier un mouvement porteur des difficultés d’une population, une manière de sanctionner l’audace et la détermination. Par gentillesse, peut-être en guise de réparation elle a tout dit sur l’octroi de mer et son fonctionnement à l’instar des leçons instructives sur les taxes aéroportuaires et sur l’économie et le relèvement des salaires récités par les représentants des sociaux professionnels. Egale à elle-même en toutes circonstances, la petite joute à propos de la parole demandée et prise par le préfet a révélé ce trait de caractère de conquête. Au « Je vous la cède, » elle répond « je la prends. »
La volonté d’aller jusqu’au bout du collectif dans: « Cela se réglera dans la rue. » quand la tension était à son comble areçu en écho pour réponse « Cela se réglera dans la rue » de la part du Préfet. Les personnes en grève sont fatiguées, énervées. Elles sont à cran, à pied d’oeuvre jour et nuit, la pression est grande. L’enjeu dans les négociations est d’éviter l’explosion, de juguler les tensions. La formation en matière de conflit est un élément de base dont doit bénéficier toute personne établie dans une institution politique, en contact avec le public. La médiation est un atout qui ajoute à la qualité des relations humaines. Mettre de l’huile sur le feu par une réponse de défi à un défi est inapproprié.
Le mot revenant comme un leitmotiv était le respect comme si c’était celui qui allait manquer le plus. Crainte à l’égard d’un comportement irrévérencieux d’un groupe ou de plusieurs groupes ? Lesquels ? Crainte de ne pouvoir soi-même tenir le cap de la bienséance ? Crainte de ne pouvoir supporter l’idée d’une exigence donc d’une domination ? Il est revenu comme plainte entachant le prestige d’une fonction.
La souffrance était en seconde position : elle balisait l’angoisse d’un échec des négociations et la stagnation ou l’aggravation de la période de troubles.
Les postures : Chaque parti était concentré autour de son représentant, blocs monolithiques compacts, serrés en position défensive contre quel danger supposé ? A telle enseigne qu’un des invités responsable d’hôtels a murmuré: « Nous ne sommes pas des ennemis. » Sûrement par ignorance du signal, la main sur le côté du représentant de l’Etat, pouvait prêter à confusion. Attitude de défi quand l’affrontement est proche, la hanche supporte cette main capable de frapper l’adversaire, le regard furibond l’accompagnant. En d’autres circonstances, elle souligne une forme de laxisme et de désintérêt pour l’environnement en l’absence de la brillance du regard.
Comment serait interprétée cette posture dans un cabinet ministériel ? Que dire de l’indispensable téléphone portable sorti pendant les débats, main devant la bouche comme une cachotterie envers le voisin. Les enfants sont priés de ne pas utiliser le leur au moment des conversations. En regardant ceux qui devraient être des modèles il sera difficile de poser là une interdiction.
La proposition à débattre des doléances en France a souligné la volonté de déplacement des corps, forme légère de déportation, dans un but d’atténuer une vindicte populaire s’il s’en fût. Ni acquiescement, ni dénégation n’ont relevé l’idée du voyage offert. Une autre aventure était entamée, actuelle, porteuse de besoins vitaux. A défaut de déplacer d’autres corps, celui du représentant de l’Etat s’est dérobé à la table des négociations. Après le communiqué énonçant les mesures ministérielles, une goutte d’eau dans l’océan des demandes, n’ayant suscité aucun regard du porte parole du LKP, pas un mot, il a dit sa précipitation à se rendre à la préfecture pour y travailler. Alors un flot de paroles a coulé, le priant d’être conscient de son absence de désir de négocier. Le parlementaire de la commune la plus peuplée a ainsi laissé entendre sa désapprobation.
La désillusion s’est installée générant un sentiment d’humiliation pour certains, de mépris pour d’autres. L’appartenance a déposé les mots créoles et camaradesdans la bouche de celui qui dans un élan du cœur s’est rabattu sur le langage commun et l’identité. L’absence a été un révélateur ; il a permis d’observer un phénomène abandonnique. le cœur n’y était plus et la continuité du travail non plus. Faire comme des grands adultes responsables, auraient suffi à démontrer une capacité à se suffire et à dépasser le lâchage.
A défaut de reprise des négociations, l’intime a surgi en même temps que le réel des discriminations. « J’ai trois enfants, quarante deux ans, je suis directeur adjoint à l’ANPE. » L’homme normal, père de famille ne saurait être dans un processus de destruction : il n’y a pas à avoir peur. « Je ne ferai jamais la révolution ; j’ai vu mon oncle professeur de philosophie sombrer dans la folie quarante ans durant. J’aime mon pays. » avoue le président du MEDEF. Expression d’un partage des responsabilités envers une terre et une origine communes, semblable et différent, à l’opposé d’une logique de sauvetage, ici le capital, là l’humain, l’âme à nu, ils ont pu parler de leur manière d’être et de voir le monde.
La séance est levée. Les élus politiques doivent travailler afin de porter des réponses demain à quelques points de la plate forme des revendications.
Les mesures de l’Etat concernent une prime ponctuelle de 200 euros sur les bas salaires, au mois d’avril, une baisse des cotisations patronales, une aide infime au logement, l’augmentation des contrats jeunes de travail, le contrôle des prix, le passage de 1,3 à 1,4 du SMIC, un calendrier de quatre semaines pour les négociations thème par thème et surtout pouvoir travailler dans un climat apaisé. Une conférence de presse du LKP en dehors de celle des politiciens a permis de tenir informé la population des diverses tractations l’appelant à défiler à Pointe-à-Pitre.
A cette conférence de presse, une ouvrière de la banane avec une grande spontanéité s’est levée, disant la surdité de son patron à la proposition d’une augmentation. Le : « c’est pas possible, c’est pas possible »répondu par l’employeur a pris des accents pathétiques dans sa gorge féminine. En fin de discours la répétition du kimbé, kimbé kimbé,incitant à ne pas se démobiliser, a pénétré la fibre sensible de l’injustice sociale. Des femmes et des hommes, toutes catégories sociales confondues, émus aux larmes, décident de « donner de la force » au mouvement. Le lendemain, 65.000 (soixante cinq mille) personnes sont descendues dans la rue. Une mobilisation massive ayant valeur de test.
Le groupe de travail des élus, réuni à la cité des métiers, propose de contracter une dette de 50 millions d’Euros qui devra être remboursé par l’Etat sans lui demander son avis. LKP refuse la discussion. Stratégie ou illusion ? Lyannaj kont pwofitasyon attendait-il réellement une réponse immédiate et satisfaisante de la part du pouvoir local ? Cette rencontre aura servi d’épreuve de vérité, aidée en cela par les médias, à démontrer la faiblesse des bases politiques de l’Outre-Mer et son inaptitude à résoudre les problèmes.
Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer arrive en Guadeloupe et s’installe « le temps qu’il faudra. » L’affirmation supposeque son départ sera tributaire de la signature des accords. Avant toute chose, il exprime le vœu de rencontrer la société civile, des gens de la population.
Qui désigne ces personnes au hasard ciblé? Il tient séance, les reçoit en présence du maire de Basse-terre. Sa demande se limite à une description succincte de la population. Décrire la condition de ses concitoyens sans être expert en Sciences Sociales et Humaines relève de la gageure. Combien gagne un ouvrier agricole ? De quel budget dispose une mère de famille de trois enfants revendeuse au marché ? Combien coûte un aller/retour Basse-terre Pointe-à-Pitre ? Les personnes reçues ne peuvent que parler d’elles et elles ne sont certainement pas représentatives de la population guadeloupéenne.
Etre reçu par un secrétaire d’Etat implique de faire partie d’un monde jugé acceptable par le responsable du choix. Ainsi disparaît la pauvreté. Les réceptions de jours de fêtes. la nappe pour les grandes occasions, somptueuses, pare la table. La vérité du quotidien se maquille. Elle relève d’une attitude populaire, atavique, qui à comme objectif de diminuer le sentiment d’infériorité.
Qu’aura appris le Secrétaire d’Etat de cette rencontre qu’il ne savait déjà ? Alors il lance une convocation en direction des intellectuels : sept hommes sont désignés. Par qui ? Sept hommes, pas une seule femme : la boutade d’enfant disant que les hommes ont un cerveau et que les femmes ont une cervelle a été bien enregistrée. Le cerveau est le centre de la pensée : la cervelle est un aliment nourricier. Tous deux n’ont pas la même noblesse. Ces hommes refusent l’invitation tant que Lyannaj kont pwofitasyon ne bénéficie pas d’une audience.
La démarche qui consiste à signaler l’effort fait afin de mieux connaître la réalité du peuple : son style de vie, ses aspirations mais surtout l’opinion, sans enquêtes, qu’il se fait de ce mouvement de grève est une tactique de diversion. Elle sert à essayer d’ancrer l’idée d’une grande ouverture d’esprit et d’asseoir une confiance effritée par une intervention sur la baisse de l’essence par satellite de télévision interposé. Malgré le remplissage massif des rues de corps protestant contre les injustices, aux bouches chantonnant la « Gwadloup cé tan nou », le taraude ce besoin de chercher dans les yeux d’un petit nombre une lueur d’explication à un si grand balan.
NEGOCIATIONS : LA LECON D’ENDURANCE
Le secrétaire d’Etat s’assied à la table des négociations. La télévision et la radio sont écartées de ces lieux où la parole directe ne peut être entendue. Forme de huis clos protégeant les décisions qui prendront valeur de lois dès qu’elles seront écrites. La responsabilité de chacun dans leur restitution verbale, accentue l’écoute des radios du soir. La télévision et la radio à Paris semblent être informées plus tôt que celles d’ici et les images et les mots en décalage avec ce qui s’y passait. Peut-être que les réalités n’étaient pas perçues de la même manière par les journalistes de divers horizons. D’avoir franchi les distances océanes, les informations gagnaient en intensité guerrière.
L’impression d’émeutes a tenu en état d’alerte la famille lointaine qui ne sentait plus les morsures du froid, préoccupée par l’envoi de gendarmes mobiles dès la deuxième semaine de grève générale.
Jour après jour, les avancées commencent à faire naître l’espoir d’une solution. Enfermés toute la journée et la nuit jusqu’à l’aube, les élus locaux, le patronat, lyannaj kont pwofitasyon, le Secrétaire d’Etat ont planché sur l’augmentation des bas salaires. L’accord écrit non signé devait le lendemain satisfaire le consortium. Chaque groupe part reprendre des forces, se reposer, se changer avant le recommencement du travail assidu. Rendez-vous est pris.
A la section dos d’âne, à Gourbeyre, à quelques six kilomètres de la préfecture le porte-parole du LKP reçoit sur son téléphone portable un message annulant la réunion pour cause de départ du Secrétaire d’Etat. Arrivé à l’endroit du rendez-vous les grilles du bâtiment sont fermées et à travers la séparation un homme leur explique que personne ne peut pénétrer le lieu. La foule est amassée aux abords de la bâtisse publique.
L’insistance du porte- parole, son calme déterminé arrive à changer la ligne de conduite du gardien de la grille qui reçoit l’autorisation d’ouvrir. Les élus guadeloupéens n’en reviennent pas. Ils parlent d’humiliation, de vexations, de mépris.
Le LKP qui vient de parcourir soixante kilomètres pour ratifier l’accord ne laisse rien filtrer de l’ordre d’une révolte qui pourrait enflammer la foule qui augmente dans la rue. Le Président du Conseil général déclare par réaction que demain la Guadeloupe sera île morte. Un ajout de taille à la grève générale. Le révolté du moment ne tente aucune explication à la fuite de l’Etat. Il vit sa colère comme un enfant abandonné par son parent et qui ne prend que maintenant conscience d’une évidence trop douloureuse pour la contenir. Deux représentants de l’Etat : deux abandons/fuite depuis le début du mouvement social. Le départ du dernier est un coup d’arrêt aux 200 euros de relèvement des salaires. Jamais l’homme de l’Etat n’avouera avoir pris des engagements en ce sens. En France, le Premier ministre le reçoit une heure en compagnie de la ministre de l’Outre-mer et de l’Intérieur : super ministre avec deux ministères.
La Guadeloupe est une région ultra marine, ultra périphérique selon l’empathie qu’elle suscite et s’aligne sur les mêmes lois. que la France en matière de maintien de l’ordre public. Les deux ministères conjoints incarnés par une seule ministre en soulignent le sens. La mise au point du Premier ministre laisse à penser que des prérogatives ont été prises sans concertation préalable avec le pouvoir hiérarchique. La présence du « tropicalisé » à ses côtés, comme le dénomme la presse nationale, lors de l’énoncé de nouvelles décisions, le confirme. Il approuve chaque phrase d’un acquiescement de la tête. Il doit retourner en Guadeloupe escorté de deux médiateurs. Il les accompagne et continue son chemin vers la Martinique qui à son tour présente des revendications basées sur la vie chère. Les médiateurs échouent dans leur tentative. Ils ne veulent pas tenir compte de l’avancée des travaux des groupes. Le MEDEF continue de refuser de prendre part à l’accord salarial. Lyannaj kont pwofitasyon quitte la table des négociations. La tension est à son comble. Le président du MEDEF à ce moment de crise et de rupture du dialogue dit avoir une proposition à soumettre à décision. Des barrages sont érigés ; le mouvement durcit ses actions. Les petits commerces laissés ouverts pour approvisionner le peuple sont fermés. Le gaz vient à manquer car les stations d’essence maintiennent les rideaux baissés cette fois par le personnel gréviste. Les gérants ont obtenu l’assurance que les stations supplémentaires qui devaient voir le jour et saturer le marché ont été réduites à l’acceptable. Le secrétaire général de la CGTG rassure les mères de famille : il leur promet que le gaz sera distribué. Soucieux des besoins il sécurise en protecteur attentif. Entre la Grande-Terre et la Basse-Terre la circulation est inexistante. Quelques jeunes pillards attaquent un centre commercial et les magasins de Pointe-à-Pitre. Sur la Basse-Terre trois voitures sont incendiées. La Présidente de la CCI demande au préfet un service d’ordre afin de protéger les biens des commerçants. Face au refus la rumeur dit qu’elle a l’intention de lever une milice. Le porte-parole du LKP à la télévision déclare que si un des leur est blessé, il y en aura des deux côtés. Le lendemain sur un barrage au Gosier un syndicaliste LKP affirme avoir été agressé. Il est hospitalisé au CHU de Pointe-à-Pitre. Des manifestants sont placés en garde à vue puis relâchés. La provocation ne déclenche aucune violence réactive. La réflexion anoblit la volonté de négocier. L’affrontement arrêterait le mouvement et justifierait la charge des quatre escadrons de gendarmes mobiles envoyés par la ministre de l’Outre-Mer pour renforcer le contingent arrivé depuis la deuxième semaine. Mutisme, mais réponse par la mise en place des forces de l’ordre.
Une méthode comme une autre, bouche fermée à l’instar du chef de l’Etat. Certes la situation des pays étrangers est plus préoccupante qu’un département français qui se débat dans une crise qui mène vers les chemins de la paupérisation des personnes ayant un salaire et un logement. Au soleil, la souffrance est atténuée est une généralisation de la pensée de ceux qui se donnent bonne conscience.
Un syndicaliste est tué dans sa voiture en revenant d’un meeting. Le retard des secours, les déclarations successives du préfet, du procureur de la république, du secrétaire d’Etat, du chef de l’Etat oscillant entre la geste de jeunes manifestants sur les barrages, puis une balle perdue, enfin un assassinat, sèment le trouble dans les esprits.
Les élus sont appelés à Paris par le Président de la République qui les reçoit après les syndicalistes nationaux à qui il oppose un veto sur la question de l’Outre-Mer. La consultation donne lieu à déclaration dont les mots forts sont : « Existence de solutions. Voies d’avenir. Etats Généraux. Réappropriation de son destin. Crise révélatrice d’un problème ancien. Sentiment d’injustice. Je connais les blessures et les frustrations. »En France : médiatisation à outrance du Président du Conseil régional. Il parle, il parle jusqu’à oublier que la Guadeloupe est au bord de l’explosion. C’est vrai que là où il est, il peut s’exprimer sans contradicteur.
Après la veillée et l’enterrement du syndicaliste dont l’accord salarial porte le nom : accord BINO, les négociations reprennent. La ratification de l’accord traîne à cause de l’opposition du MEDEF : toujours la chose sue mais tue. L’Etat accorde 100 euros, le conseil Régional et Général conjointement 50 (25+25) ; le patronat 50. Grande surprise ! Le Président du MEDEF raconte aux médias que le porte-parole de LKP l’a agressé physiquement. Le Préfet dément. Les partis signent et les petites entreprises donnant un bel exemple de solidarité ratifient à leur tour. La grande distribution s’enferme dans le refus. La fin de la grève est proche.
Le texte du protocole de fin de grève est rédigé. le Préfet déclare : « L’Etat appelle solennellement à la fin de la grève générale dès lundi. » La réponse est immédiate : « L’appel du Préfet est tout à fait cavalier et irrespectueux. » L’essence coulant à la pompe, l’immobilité obligée favorisent la reprise du travail dans certaines institutions. Les enseignants de l’éducation Nationale n’entendent rien de l’appel préfectoral. Un centre commercial est refermé sous la pression des manifestants par démonstration que seuls les grévistes mettent fin à une grève après la signature du protocole de fin de grève. Lyannaj kont pwofitasyon attend que les résolutions après deux corrections soient définitivement soumises à sa signature.
Après 44 jours de grève générale la vie reprend en partie son cours. En partie car chaque entreprise doit signer l’accord BINO afin que les employés réintègrent leur poste. Les deux plus grands hyper marchés n’obtempèrent pas malgré la menace d’une loi prévue à cet effet. Un bras de fer paraît s’engager contre un mouvement qui par sa ténacité a atteint l’objectif fixé de départ. La volonté d’affamer le personnel, et d’embraser la Guadeloupe en mettant chaque jour face à face les gardes mobiles et les employés manifestants n’obtiennent pas l’effet escompté. Ils savent qu’à emploi égal le salaire ne saurait être à deux vitesses. Aiment-ils ce pays comme l’affirme, pour se dédouaner, un parent de celui qui au plus fort de la crise a banalisé dans un film, l’esclavage et son cortège de souffrance ? Jouissent-ils, comme le pwofitan, du désarroi du plus faible dévoilant là un sadisme à la hauteur de leur manque d’humanité ? Au bout de douze jours de mauvaise volonté ils finissent par signer l’accord. L’exaspération était à son comble. Le discernement soudain d’une réciprocité de subsistance, – sans les employés ils perdent l’entreprise-, a permis aux choses et aux personnes de retrouver leur place.
La grève est finie mais les négociations continuent à l’intérieur des grands chantiers ouverts par les dossiers bien construits et très documentés présentés par lyannaj kont pwofitasyon. L’eau qui est affaire des collectivités locales a permis à une cascade de vilains mots d’éclabousser les partis en présence. La maire qui à la télévision de proximité n’avait cesse de raconter ses exploits de grève lorsqu’une partie du patrimoine risquait d’être emporté, la même qui était aux prises avec les négociateurs, venait là, dire aussi ce qu’il aurait fallu faire, oublieuse d’avoir été à la tête tour à tour et du Conseil Général et du Conseil Régional.
A cette époque pourquoi aucune pwofitasyon n’avait-elle été dénoncé ? Pourquoi les successeurs feraient mieux que les prédécesseurs ? Au nom de quelle règle les tenants du pouvoir se doivent d’agir en faveur du bien-être de la population ? Depuis quand le goût de gouverner s’appuie-t-il sur la base des préoccupations collectives ? La psychologie étudiant la notion de leadership montre que la position de dominant/gouvernant est dénuée d’altruisme : que seul compte le bénéfice individuel qu’on en tire. A moins que n’intervienne un renoncement à un ego surdimensionné par le sentiment de toute-puissance. Le pouvoir ne change pas l’homme : il le révèle
POURQUOI LE LYANNAJ ?
Dans les temps anciens, quand la dévalorisation imprimait sa marque sur tout qui était relatif aux antillais, la méfiance s’infiltrait dans les alliances. Le marronnage était tu aux proches de peur d’une trahison sous contrainte ou par assujettissement. Komplo a nég sé komplo a chien disait le proverbe. Manque de confiance en soi, doute permanent, le semblable ne pouvait se rebeller sans que la dénonciation ne le ravale au même niveau que le pleutre, le craintif, celui qui n’osait pas.
Oser c’est embrasser la bravoure, c’est refuser le destin de soumission, c’est lancer des défis à soi même et aux autres. 38 syndicats passent un pacte de solidarité et de liens. Ils allient leur force et leur savoir. Le collectif, en assemblant les spécialistes de différents horizons augmente ses chances de présenter des dossiers sans faille afin de limiter les contestations. Le secrétaire général du syndicat de l’Education nationale connaît mieux que quiconque les manquements de l’enseignement et les propositions qui peuvent les améliorer. Celui de la santé, dont l’hôpital est le territoire, habitué aux revendications des employés de toutes catégories des établissements de soins, va accoler sa connaissance aux autres champs étudiés. Ainsi est mis en coalescence une multiplicité de dossiers posant problèmes depuis fort longtemps et qui n’ont jamais trouvé de solutions ne serait-ce que provisoires. Passés au peigne fin, ils se sont alignés dans la liste des revendications, impressionnante par le nombre d’items. Jamais autant de points n’ont été livrés à négociations. La demande s’étale du social au culturel en passant par le politique et l’économique. La grande connaissance des sujets force l’admiration d’un peuple dont le narcissisme a été malmené par l’évidence d’une gouvernance qui a laissé s’instaurer les pwofitasyons, avec l’espoir que personne ne serait capable d’y mettre un terme. Sous-entendu qu’aucun guadeloupéen n’aurait le savoir ni le courage suffisants pour ce faire.
La force de ce lyannaja contribué à s’apercevoir que des hommes d’ici sont à la hauteur d’experts sans en prendre les titres et que de surcroît cette tâche immense ne les a pas rebuté. Tous les mots péjoratifs concernant la relation au travail de l’Antillais deviennent caducs. La démonstration qu’une fédération produit plus de réflexions qualitatives et aussi plus d’énergie est un exemple à suivre Elle s’impose mieux qu’une simple cellule qui n’aurait pu que survoler les sujets qui ne relèvent pas de son domaine. Le constat du représentant du LCR de France venu porter son soutien au mouvement de protestation, prouve la longueur d’avance prise par le collectif LKP.
L’inquiétude de quelques-uns concerne le vide qui pourrait être laissé par la fin du lyannaj, chacun regagnant son syndicat après cette action. La protection ressentie par la détermination de ces hommes autorise le dire du genre : « Qu’ils ne partent pas maintenant, il y a encore trop de pwofitasyons, » Pareil à un père qui favoriserait la sérénité par sa présence sécurisante, le LKP occupe une place prépondérante dans l’imaginaire. Jusqu’ici le père était partout à sa place mais chercher sa maison équivalait à la perdre. Désormais la reconquête de la maison assied le père dans ce lieu où il a été barré, nié, miniaturisé. Un retournement de situation dont on ne saurait actuellement mesurer l’ampleur est en marche.
AU SEIN DE LA NEGOCIATION : LA RELATION AU PERE.
Evoquant le père, la posture de deux hommes, celle du Président du MEDEF et du Porte-parole du LKP est riche d’enseignement. Dès le début des négociations, le représentant du MEDEF, formant un conglomérat avec son groupe de patrons a opposé une fin de non-recevoir aux propositions.
Cependant nulle dérobade n’est venue signifier son refus. Jour après jour, sa présence et son assiduité, comme pour ne pas perdre une miette de ce qui se jouait là, l’asseyaient, témoin en première instance d’une débâcle attendue, tendu par le piège du pourrissement, devait-il penser. Lors de la longue nuit à la Préfecture, il en est sorti épuisé pouvant à peine soutenir une interview téléphonique. Vidé de sa substance il continuait à souligner l’exagération des propositions.
Quand la tension s’est cristallisée parce que les médiateurs gommaient allègrement les travaux précédents, le LKP se retirant, il a été troublé au point d’avancer une suggestion à explorer, demandant le retour à la table des négociations. Que s’est-il joué là ?
Ces deux hommes sont frères utérins, sur le plan symbolique : c’est-à-dire fils d’une même mère et de pères différents. L’un, manifestement, hérite des valeurs d’un géniteur présent jusqu’à saturation, l’autre n’a cesse de dépasser le père manquant. Le territoire commun est la Terre-Mère que tous deux revendiquent. « J’aime la Guadeloupe » disent-ils à l’unisson. Ils désirent la traiter chacun à sa manière. L’un en gardant la mainmise du père exploiteur par le biais de l’héritier donneur de leçon, l’autre en l’aidant à se sortir de cette soumission et de son rapport d’allégeance qui l’appauvrit. Il culbute le mythe de Man Ibê, l’être surnaturel de la mythologie antillaise. Bêt-à-Man Ibêest une femme transformée en truie par un sorcier jaloux et qui traîne à sa suite ses enfants, les petits cochons dans une cacophonie de chaînes. Une lutte pour l’admiration de cette Terre-Mère est engagée. Jetés face à face dans une proche intimité d’un jour, moment de balancement où le premier accuse la révolution de rendre fou et l’autre tentant une réassurance de par son statut de père et de cadre administratif, ils s’affrontent.
Quand l’objet de cette rivalité lui échappe, (l’échec avec les médiateurs) le Président du MEDEF, supplie son frère symbolique de revenir dans la cour des grands ; il est prêt à mettre en jeu une parcelle du pouvoir financier. Il bluffe, il tente le coup. Il ne se satisfait pas de la défaite par le statu quo. Il veut assister à son écrasement par une machine à broyer les hommes. Il en fait une affaire personnelle. Il est encore là quand les tractations reprennent. La médiatisation partage son existence avec le frère entêté. Il s’exprime tantôt en raisonneur, tantôt en économiste exaspéré. Mais il défend toujours le capital au détriment de l’humain. Qui sera choisi par la mère ? Qui sera le préféré ? Les revendications passent à un stade d’accord concerté. Il ne supporte pas que l’autre gagne. L’accusation d’agression arrive pour amoindrir une réussite qu’il n’avait pas prévue. Cela signifie : « Il gagne parce qu’il est menaçant, violent ; C’est contre nature. Il n’a pas à me dépasser, je suis le premier de la classe. Je dois bénéficier de l’admiration de la mère. .L’acceptation des autres partis en présence devient sa défaite personnelle. Sa réapparition à la télévision, non rasé, avec un début de visage de Barbudo, laisse transpercer son désir. « Puisqu’elle aime mieux et plus le rebelle, je suis prêt à changer de style pour lui plaire. » Il a conscience d’avoir perdu sur tous les plans.
Lui reste à s’engager dans la voie de la réhabilitation. Mais comment renier ce père, comment sortir de l’illusion du bonheur par l’enrichissement ? Comment se déprendre de l’influence d’un groupe dont le chant est un chant de sirène ? Sa mère lui enseignera, peut-être, à ne pas écouter les sirènes : une mère aimante sait pardonner.
LES SOUTIENS
Le Président du Conseil Régional de la Guyane a envoyé un message de soutien à ce mouvement en marche. Dans ce Département la population a soutenu une grève contre le coût de l’essence et en a obtenu la baisse. La Sénatrice socialiste de ce même Département est venue défiler avec les manifestants au Moule, de surcroît, elle a organisé une marche de protestation et de soutien avec les Antillais migrants à Paris.
La candidate socialiste à l’élection présidentielle non élue s’est aussi déplacée. La rencontre organisée avec des membres du LKP a conforté l’idée que le parti socialiste partageait les mêmes points de vue sur les revendications énoncées. Le président du syndicat paysan français s’est intégré au groupe arpentant la rue dont le chant « La Guadeloupe cé tan nou »fusait. Visites, prise de position, présence d’élus de partis divers, ont augmenté le poids de la légitimité du mouvement.
CONCLUSION
Les revendications qui ont été à l’origine de la grève générale sont en train pour la plupart d’être examinées. Une promesse écrite et signée ne signifie pas une application systématique du principe accepté. C’est une affaire à suivre. Mais ce qui restera gravé dans les mémoires à propos des négociations est cette volonté d’obligation de résultats dont a fait montre lyannaj kont pwofitasyon.
Malgré une tactique de pourrissement, des provocations réitérés, des départs frustrants, ces guadeloupéens ont tenu bon, se donnant à fond pour la cause qu’ils défendent. Les mots qui qualifient le mouvement sont : ténacité, calme, organisation, force de caractère.
Dix ans après, une grève de 49 jours à Milenis, hypermarché des Abymes, à l’observation, présente des caractéristiques proches de cette manifestation de grande ampleur de 2009. Des revendications de travailleurs, toujours recommencées, des négociations qui traînent en longueur comme pour affamer les employés, l’absence d’élus locaux et leur silence, les problèmes non résolus à cause de promesse non tenues, les pwofitasions inchangées et finalement des négociations/conciliations orchestrées par le Préfet, représentant de l’Etat.
Une réflexion en profondeurs de tous ces dysfonctionnements, des problèmes concernant le cadre de vie, l’eau, le chlordécone, les sargasses, de l’évidence d’un social dégradé, d’une plus grande paupérisation, donc d’une marginalisation d’une tranche de la population, d’un questionnement à propos de budget inutilisé et existant devrait à un moment ou à un autre mettre face à face des décideurs et désigner des responsables. Aujourd’hui l’Etat et le politique semblent plus préoccupés parl’ordre que parla justice.
Fait à Saint-Claude le 13 Février 2019