Pandémie : malédiction, prophéties, science

Le coronavirus dans sa propagation mortelle à travers le monde n’a épargné aucune nation, aucun peuple. Plus ou moins contaminées certaines régions ont dû subir le confinement, créant dans l’imaginaire des croyants pratiquants un lien évident avec les écrits de la bible qui dit que « Tous les humains sont soumis à la décision de Dieu tout-puissant, créateur de l’univers, de toute chose, tant individuel que collectif. »

Longtemps des personnes ont cru que Dieu permettait aux femmes de procréer, de fonder une famille. Celles qui n’y arrivaient pas tombaient sous le coup de la malédiction, la main divine, à cause de fautes impardonnables, ou elles avaient avorté (péché capital), ou elles avaient eu une relation avec un homme marié (partage du péché d’adultère.) Dieu régissait les conduites humaines, frappant d’ostracisme les déviants et leur refus de le craindre en bravant ses préceptes : bascule de l’interdit suprême.

La foi profonde se refuse à accepter son rôle double et contradictoire, glorifiant uniquement la bonté qui le nimbe. Être comme lui, à son image, savoir pardonner, lui le fondateur de la miséricorde, ne saurait punir, et s’il permet les catastrophes naturelles, les cyclones, et cette ligne de démarcation entre les sinistrés et les autres, c’est que le destin désigne ceux qui seront épargnés. L’émotion crée des pensées sécurisantes dont l’objectif est de trouver une explication à l’inédit, l’inacceptable, l’incompréhensible.

La violence du coronavirus a renvoyé les croyants à la religion, aux écrits bibliques enseignés et transmis. Le fatum suggère que tout est écrit d’avance, il souscrit à une résignation, à une soumission moins torturante qu’une entreprise de lutte, organisant des défenses, mobilisant des énergies sans certitude d’une victoire. Reste à la religion de nommer la cause de la pandémie.

Pourquoi les Guadeloupéens après avoir été épargné par la « vache folle », la grippe porcine H1N1, la grippe aviaire, Ebola, sont aussi touchés par le Covid-19 ? Pourquoi certains meurent ? Pourquoi maintenant ? Tant de questions torturantes dont la réponse se trouve dans la quarantaine et le carême.

Le carême dure quarante jours, temps de prière, de jeûne et de sacrifice, pénitence inclus, consiste à se priver de quelque chose. En l’occurrence la liberté de sortir imposé par le confinement. La pénitence est la peine infligée en réparation des offenses mais elle est aussi et surtout celle que l’on éprouve d’avoir offensé Dieu par les fautes ; de plus elle exprime la tristesse d’avoir pécher afin de retrouver la joie du Salut. Elle a un but : la charité, impliquant de mieux aimer Dieu et son prochain. Au carême est attaché la notion de sacrifice, dans le sens de rendre sacré, rendre saint. La référence à Jésus qui a passé quarante jours dans le désert pour éprouver son humanité, est compris comme une période d’attente, de repentir ou de maturité.

Le carnaval est terminé, la pandémie arrive durant le carême comme un coup de semonce et un appel au repentir après tant de plaisirs et de jouissances intempestives, les corps vibrants d’indécence, disent certains. Le défoulement populaire, décrié par un petit nombre a fini par être sanctionné, puni pour l’immoralité des corps livrés aux regards. Temps de la repentance. Le pas vite franchi de la quarantaine assimilée à une purification du monde, est écrit dans le Lévitique et le Deutéronome.

La lecture du pur et de l’impur, du tabou, promulgue la séparation et l’interdiction sociale dans le cadre du sacré. Le toucher, le contact est proscrit, seule la purification, le lavage à l’eau, limitera la circulation du mal : « Aussi longtemps qu’il aura la plaie, il sera impur, il est impur, il habitera seul, sa demeure sera hors du camp » Lévitique 13-46. La remarque porte sur la similitude du geste barrière, le lavage des mains comme moyen de protection face à l’impureté contagieuse et la mise hors l’environnement familier, la quatorzaine obligatoire de l’arrivant. A considérer le : « Maudit soit celui qui ne respecte pas TOUTES les paroles de cette loi (les commandements donnés par l’Eternel) et ne les met pas en pratique » Deutéronome 27 :26, n’est rien à la lecture des malédictions annoncées : « Si tu ne veilleras pas à mettre en pratique .toutes les paroles de cette loi qui sont écrites dans ce livre à craindre ce nom glorieux et redoutable celui de l’Eternel ton Dieu, l’Eternel te frappera toi et ta descendance de fléaux extraordinaires, de maladies graves et tenaces » Deutéronome 28.15-68. Le croyant démontre que là ou est l’homme réside le sacré, ce sacré issu de la croyance de l’adhésion à une loi, que même le doute parfois qui traverse les groupes, n’arrive à déraciner en ce besoin de croire que la malédiction est un état de malheur inéluctable qui semble imposer par une divinité, un sort maléfique jeté sur un individu ou une communauté.

Trouver la cause d’un évènement bouleversant donne accès à l’unique référence dont on dispose afin d’accepter l’insupportable, pour le croyant, il ne peut que s’accrocher à ses convictions religieuses. Des manifestants aux USA, dans la rue, revendiquent le droit d’aller travailler en criant que si le coronavirus les tue, c’est le destin, mais ils refusent le confinement qui est atteinte à leur liberté. Le voilà qui revient le destin qui porte témoignage du divin dans un pays ultra moderne, illustrant l’angoisse insoutenable de la majorité des humains que Freud qualifie de névrose collective.

Puis la conviction profonde qu’à travers les siècles, les réactions restent et demeurent identiques, vis-à-vis d’un paradoxe non exprimé : « Qui aime bien, châtie bien. » est un combat que mène la foi de chacun. La fable de Jean de la Fontaine : les animaux malades de la peste : « Un mal qui sème la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés » annule le débat par la force de conviction de ceux qui en font référence. La croyance est un support sur lequel on se tient.

La conception religieuse de la pandémie n’occulte pas les prophéties remises à l’ordre du jour, celles de Nostradamus et celles du troisième secret de Fatima. Nostradamus affirmerait selon les spécialistes du décryptage de ses livres que des catastrophes seraient imminentes :

1- Une troisième guerre mondiale opposant deux grandes puissances

2- La montée des extrémismes religieux avec accumulation des attentats. Des troubles et des conflits internationaux

3- Des inondations et des ouragans

4- Le paroxysme du réchauffement climatique

5- Une maladie grave pour l’humanité

6- Une comète venue du ciel détruisant le monde.

Ses traducteurs avancent une date, celle de tous les dangers : l’année 2020. Cette année que tous disaient en la souhaitant meilleure que les autres, puisque ses chiffres équivalent à 20 sur 20, l’excellence. Ces prédictions terrorisent les populations, elles sont alimentées par des gens qui exploitent la peur. La fin du monde annoncée aussi pour cette année semble être une obsession pour les générations. Aux USA, des expériences de survie dans le désert, pour un coût très élevé, ont démontré combien l’apocalypse se percevait comme une réalité. Dans l’imaginaire populaire, les villes où sévit la corruption seraient les plus visées et le peuple élu y réchapperait. Le peuple élu ? Oui ceux qui honorent Dieu et le prient.

Le troisième secret de Fatima fait partie de la panoplie de représentation du coronavirus. Aux trois enfants à qui elle était apparue, elle avait confié que le monde devait faire pénitence. Pour quelques-uns cette période difficile est un justificatif du troisième secret de Fatima. Ces pensées exprimées, ne sont pas si éloignées de la croyance religieuse. Elles soulignent l’inéluctabilité de ces choses écrites et prévues d’avance, des siècles auparavant.

De manière rationnelle et pragmatique, la connaissance scientifique, même si actuellement elle est au stade de l’analyse et de la compréhension de ce virus si déroutant, adhère à la thèse des spécialistes de l’environnement et leur explications détaillées sur les causes de la pandémie et de sa propagation.

La déforestation a détruit les habitats des espèces animales et favorisé des contacts répétés et rapprochés avec l’homme : facilitant le passage de microbes dans le corps humain ou de bénins, ils deviennent des agents pathogènes et meurtriers. La démonstration du virus de la chauve-souris, transmis à un hôte, le pangolin, met de luxe et mangé par l’humain a donné naissance au coronavirus, incontrôlable car méconnu, dont le constat des ravages crée une grande perplexité dans le monde médical.

La propagation d’un pays à l’autre se fait par le côtoiement des animaux qui se passent les virus dans les marchés. On l’a constaté pour le SRAS en 2002/2003, responsable du syndrome respiratoire aigu sévère. L’exportation, les oiseaux ‘ (virus du Nil), la vente illégale d’animaux, les poulets élevés en batterie, en captivité, entassés les uns sur les autres, (qu’on se souvienne du virus de la grippe aviaire, hébergé par le gibier d’eau) fournissent des réponses aux attentes des peuples. Les virus mutent, ils deviennent plus virulents. La mutation des microbes animaux en agents pathogènes humains s’accélèrent, même s’il elle n’est pas nouvelle. Une solution est proposée par les écologistes : l’arrêt de la perturbation de la nature et de la vie animale.

Deux modes de pensée se rejoignent dans une perspective inattendue et dissemblable. La pensée scientifique interpelle l’homme à propose de la destruction de la nature et de sa volonté de surproduction à des fins d’enrichissement. Les croyances religieuses le désignent aussi comme responsable des fléaux sur la terre par non-respect des commandements de Dieu et son absence d’une crainte de l’Eternel.

La différence fondamentale entre la science et le divin est illustrée par la représentation de la création du monde. La lecture biblique affirme que le 1er jour Dieu créa le ciel et la terre. La main de Dieu jaillit du ciel pour séparer la lumière et ses ténèbres. La pensée scientifique parle d’un big bang à l’origine de ce phénomène. Depuis la découverte du Bozon de HIGGS, les chercheurs affinent l’outil. La présence dans l’univers d’une planète jaune qui enfle et dont l’éclatement n’est encore qu’une hypothèse, reste une énigme, mais pas tout à fait pour les adeptes des écrits de Nostradamus.

L’important est de savoir entendre les théories des uns et des autres avec respect et tolérance et ne jamais vouloir démontrer que ce sont les hommes qui ont créés les divinités.

Fait à Saint-Claude le 19 avril 2020

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