Citoyens de seconde zone

La définition courante stipule qu’un citoyen de seconde zone est « Une personne victime de discrimination systémique au sein d’une juridiction donnée. » Au pays des droits de l’homme, de la liberté d’expression, de la tolérance, ce pays si différent de ces lointaines contrées totalitaires montrées du doigt, où, parler à sa guise est sanctionné d’emprisonnement car nulle contradiction ni opposition ne sont supportées par les dirigeants, ce pays appelé France empreint de romantisme et de douceur dans l’imaginaire des étrangers admiratifs, serait-il en train de se muer en un gouvernement à l’autorité hypertrophiée ?

Pourquoi depuis bientôt quatre mois ce contrôle du pouvoir sur les populations s’accentue au moyen de propagande, de menaces, d’accusations culpabilisantes, de privation de plaisirs jusqu’à la stigmatisation de femmes et d’hommes et par ricochet leurs enfants qui refusent d’obéir à l’injonction vaccinale. Cela va loin quand la dénonciation semblable à une triste période encore dans les mémoires, livre les rétifs aux sanctions économiques d’une perte d’emploi. « L’assurance maladie transmettra à l’ARS tous les 15 jours un fichier des professionnels de santé libéraux conventionnés et n’étant pas encore vaccinés. » En l’absence de justificatifs « ils encourent l’interdiction d’exercice et le déconventionnement avec l’assurance maladie….L’ARS informera l’ordre qui pourra engager des poursuites disciplinaires. » Ne plus avoir d’emploi est une mise à mort par inanition (privation de nourriture.) Quelle est la cause autorisant une équipe gouvernementale à en arriver là ? Est-ce seulement la volonté de protection de la population jusqu’à l’obsession de son bien-être, à son corps défendant ?

Au commencement était le test PCR, signal d’une positivité au covid 19, obligeant à une quarantaine puis à une septaine les porteurs du virus. La mise à l’écart terminée, ils pouvaient bénéficier d’une libre circulation en respectant les gestes barrières comme tout le monde. La première vague de la pandémie avait occasionné des décès et des hospitalisations. Le constat d’un manque de lit en réanimation et de matériel adapté à ce moment-là, n’avait pas augmenté la capacité de soins, de prise en charge, de commandes de matériels par anticipation. Il était pourtant déjà question d’une probable seconde vague. Les attitudes n’avaient pas changé depuis la simulation d’un crash d’avion à Pôle Caraïbes, où l’évidence du manque de tout à l’hôpital n’aurait pas permis de sauver des vies. Même des lits de camp faisaient défaut. Un constat reste un constat et n’oblige nullement de remédier à la pénurie.

Est arrivé le vaccin. Le premier proposé a semé l’effroi, accusé d’effets secondaires. Retiré trois jours du circuit, puis redistribué, on avait recommandé de l’injecter aux personnes âgées. Le second, celui de l’espoir, était moins porteur de suspicion, pourtant le peuple de France traînait des pieds. Il fallait une immunité collective et trouver le moyen d’accélérer la vaccination, l’impatience a inventé le pass sanitaire. Ivresse des vacances après confinements, retour de la socialité, spectacles, voyages, liberté de humer l’air « grâce au pass sanitaire, les gens se sont fait vacciner » a dit le premier ministre. Arrêt sur attitude. Ils ont accepté la piqûre pour briser les chaines de l’enfermement, non par croyance profonde en une efficacité sans risques. C’est-à-dire, de façon utilitaire. La décision des hésitants s’est corrélée autour de trois paramètres :

L’effet de propagande, technique connue qui joue sur la peur donc sur les émotions actionne la transformation de la perception que l’on a de l’autre, et le martellement incessant de la même proposition jusqu’à saturation bloquent la réflexion et ne laisse aucune phase de répit. La ronde répétitive de la même image, du même discours affaiblit la capacité d’un sain discernement, et installe un stress permanent.

La menace de pertes, de salaire, de jouissance, de liberté de circuler, d’interactions sociales,

La peur : « seuls les non vaccinés sont en réanimation », le dévoilement du nombre des décès, l’accusation à peine voilée d’une frange de la population

Le contrôle et les interdits : pas de visite aux hospitalisés, pas de franchissement des portes de l’hôpital. L’annonce a été devancé par une attitude intolérable de refoulement d’une patiente venue prendre son traitement chimiothérapique, alors que la loi n’avait pas encore été votée. La réaction immédiate des réseaux sociaux a permis un rectificatif et des excuses à son encontre. On sait bien que certains anticipent les interdits avant qu’ils ne soient confirmé. Tel l’approbation de cet homme à la télé qui a prononcé les yeux secs et grands ouverts : « Il faut leur pourrir la vie » et poussant plus loin : « On ne devrait pas leur rembourser les soins. » Vous l’avez compris, il parlait des non-vaccinés.

La discrimination : A l’aéroport de Guadeloupe, le séparatisme est poussé à l’extrême lors de l’embarquement. Deux files d’attente établissent une démarcation entre les privilégiés, les vaccinés et les autres. Cependant, les connaissances scientifiques actuelles soutiennent que la charge virale est la même pour les non-vaccinés et les vaccinés. Un représentant de l’Etat à l’aéroport de Guyane a affirmé devant la caméra que ceux qui ont pris le temps de se faire vacciner, méritent quelque considération, comme un remboursement sur le temps d’embarquer. A l’aéroport d’Orly aucune discrimination de cet ordre n’a été constaté. Sanctionner plus que l’idée de départ, créer des formes d’humiliation, jeter le discrédit sur quelques-uns, sont des attitudes bien connues que l’on retrouve chez les petits chefs souffrant du manque de reconnaissance. Par procuration, ils se persuadent de détenir un peu de pouvoir. Cela est-il légal ? La loi permet-elle un tel débordement ?

La pression de l’entourage. Aucune discussion apaisée n’est possible s’agissant de la vaccination. Ce besoin de convaincre au sein des familles, au travail, augmente la pression, accroissant le mal-être. Un répit est trouvé, parfois, par un projet différé de pas encore, pour ne point se fâcher.

Ce gouvernement est parvenu à dresser les personnes les unes contre les autres. Etablissant une liste de paria responsables de la contamination, fauteurs de trouble. Ceux-là qui défilent chaque samedi, faisant de la résistance, clamant le non haut et fort. Le profil de ceux appelés les antivax n’est pas homogène. Des vaccinés gonflent les défilés par solidarité et contre le sort qui est fait à ceux qui ne le sont pas. De toutes catégories sociales, ils rejettent en bloc le pass sanitaire nommé loi liberticide. On oublie trop souvent que l’histoire peut se renouveler.

La France a ses citoyens de seconde zone, mais l’Outre-Mer a des citoyens de seconde zone aggravée.

Sur le plan de la gestion de la crise sanitaire et de l’organisation des hôpitaux, il a fallu un regard extérieur venu renforcer huit jours, les équipes du CHU et du CHBT pour que soit dévoilée l’ampleur de la « maltraitance sanitaire » (ce sont les mots du médecin sidéré par cet état de fait.) Aura-t-on l’outrecuidance de se poser la question de l’efficacité de l’ARS ? De son rôle et de son inexistence dans la construction du soin pour tous, des équipements médicaux, de la mise en place d’une structure DAC en Guadeloupe, qui existe partout ailleurs et tellement indispensable dans l’outil de prévention en regard du pourcentage de diabète, d’hypertension, d’obésité ? Aura-t-on l’outrecuidance de penser que le séisme survenu en Haïti aurait causé les mêmes dégâts sanitaires ici ? Mais aura-t-on l’outrecuidance d’affirmer que la Guadeloupe est peut-être une région du quart-monde ? Non dirait d’aucuns : la Guadeloupe est un département français au même titre que la Franche Comté, les Alpes maritimes et les 96 autres départements de la France hexagonale.

Quand l’oxygène vint à manquer, le vent a charrié sous ses ailes que l’oxygène avait été réquisitionné pour l’hôpital et qu’il n’y en aurait pas pour les patients soignés à domicile. L’information a été quelque peu déformée car les entreprises qui délivrent l’oxygène disent n’avoir jamais été en rupture de stock. La pénurie se situait au niveau des concentrateurs qui permettent l’utilisation de l’air liquide. Un phénomène identique a été dénoncé dans l’article de Ludovic SERE du journal Libération du 21 aout 2021. Un médecin venu en renfort raconte : « La logistique n’est malheureusement pas au point. L’évènement hier a été la réception de saturomètre, des capteurs au doigt pour voir le niveau d’oxygène dans le sang. La personne qui nous a livré le matériel n’avait pas les piles. Ces dernières étaient dans un autre carton qui n’a pas été trouvé. » Evident exemple du désordre du quart-monde, et il s’agit de sauver des vies en pleine vague de pandémie dont on affirme que c’est une catastrophe sanitaire.

Les pompiers en colère ne comprennent pas pourquoi l’arrivée de renforts n’a fait l’objet d’aucune information. Ils sont confrontés à une mauvaise évaluation de leurs besoins. Ce ne sont pas des bras supplémentaires qu’il leur faut en urgence mais des équipements, du matériel. Des ambulances en panne dorment dans un parking, objets inutiles en attente de réparation. Les voitures ne sont pas entretenues. Ils ont toujours fait avec les moyens du bord, mais la grande circulation du virus dépasse le cadre de leur bonne volonté. Ils déplorent aussi le manque de concertation, de communication d’une hiérarchie qui fait fi de leur sensibilité en demandant une aide humaine alors qu’il leur faudrait des équipements au coût certainement inférieur aux frais engagés pour le déplacement de leurs collègues. Cette catastrophe sanitaire met en évidence les incohérences du fonctionnement administratif. Quand la direction appelle tout le personnel (congés, compensation, repos) à regagner son poste de travail en lui disant que par voie d’huissier il peut être réquisitionné, il oublie l’obligation vaccinale et sa menace de sanction, il oublie le contrôle du pass avant le franchissement de la porte de l’hôpital. L’ampleur des besoins affecte la mémoire, elle entraînera certes des conséquences sur le futur.

 L’arrêté municipal qui va au-delà des restrictions préfectorales annonce la fermeture de toutes les plages du littoral de Sainte Anne, du mercredi 23 août au 03 septembre Pourtant le confinement autorise la baignade de 05 heures à 11heures. Une amende municipale est-elle prévue en cas de désobéissance ? Aucune notification de cet ordre n’est lisible sur l’avis. De là à mettre des barbelés ! Cette décision d’un élu local ne semble pas être contestée par l’instance étatique comme cette demande du report de la date de la rentrée scolaire. Le ministre de l’Education Nationale qui avait décidé que la date serait la même pour toute la France, évitant la polémique a renvoyé la requête au jugé de l’ARS et du préfet de région, rappelant par là même l’existence d’une hiérarchie. La verticalité du pouvoir abolit les initiatives en laissant peu d’espace à certaines prérogatives sur place. La rentrée scolaire aura lieu le 13 septembre.

Dans les bagages de deux ministres (le ministre de la Santé, le ministre des Outre-Mer) en visite de soutien et de réconfort se trouvaient des lits supplémentaires. Pour ne pas être en reste une élue politique candidate à l’élection présidentielle a envoyé un messager avec 13 lits de réanimation. Les urnes recèlent des secrets de générosité à temps fixe.

Fait à Saint-Claude le 26 août 2021

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