L’indifférence

Une femme hurle dans la nuit, ses talons martèlent la chaussée. La ville est endormie. Aucun volet ne s’entrouve. Les cris de désespérance d’une autre, heurtent les murs d’une maison d’un lotissement où vivent des familles. Mais rien ne perturbe le sommeil des braves ni même la curiosité diurne d’un voisinage pourtant présent. Il suffirait de sonner au portail ou de frapper à la porte ou d’appeler la police. Il suffirait !Un homme, jeune, est agressé dans une commune paisible sous le regard de témoins tous porteurs de téléphone capables de faire le 18 qui aurait pu lui sauver la vie. L’immobilisme est général.

Que signifie ce passage d’un contrôle social sévère d’antan à ce non interventionnisme proche de la complicité en regard à cet non assistance à personne en danger ? La désertification des sentiments se justifie par la crainte d’être pris à parti par l’agresseur, blessé, même tué : exemples à l’appui relatés de génération en génération. En second lieu ne pas se mêler des affaires d’autrui, le ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, d’une pseudo philosophie qui fournit un prétexte majeur à l’être passif. Enfin ne pas perdre son temps en témoignages entre police et justice. La caméra pourtant recueille avec forces détails ce qui parfois n’a ni été vu ou même entendu. La fascination de l’image mérite une entorse aux résolutions du non agir. La modernité a pétri d’égoïsme une société dans un chacun pour soi qui semble avoir aboli l’empathie, l’entraide, la compassion. Mais ne pas être dérangé correspond surtout à cette difficulté à réagir quand la répétition des actes de violence mène à une saturation psychique. Le lot d’images reçu au quotidien est enfourné avec la nourriture au moment des repas. La cruauté est banalisée, la barbarie et la sauvagerie aussi. Un phénomène similaire se retrouve dans les spots publicitaires de prévention. Quand les stimuli sont trop forts, ils ne génèrent plus de sensibilité. Comment procéder pour faire prendre conscience à tous qu’une chaîne signifiante d’humanité nous relie ? Transmission et apprentissage, la famille et l’école sont les supports indispensables au changement de comportement d’indifférence. Il faudrait redonner du sens à la vie en y intégrant de l’espoir.

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut