L’année qui s’en va a été celle de l’effroi disséminé dans toute la planète. Elle a installé le soupçon, l’accusation, la peur. Une peur alimentée par l’impuissance de la Science à lutter contre le coronavirus, à éradiquer un mal dévastateur qui a ramené au conscient l’évidence d’être tous mortels, reliés les uns aux autres par une chaîne signifiante. En se protégeant, on protège autrui.
Changer les habitudes a nécessité la transformation des modes de vie :
- Ne plus se toucher ni s’embrasser dans une société où le contact même à minima est l’expression d’un échange affectif surtout pour les aînés.
- Ne plus se réunir aux réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre, quand le partage de nourriture s’inscrit dans un pacte pacifique : manger ensemble pour ne pas s’entredévorer.
- Ne plus honorer les morts durant les veillées, les enterrements, les neuf jours de prière.
- Ne plus avoir accès aux spectacles, aux lieux festifs et gourmands en groupe.
Ce temps des « ne plus » a prolongé les visages, tous les visages, d’un masque combien même personnalisé, élément ajouté, ni excroissance corporelle, ni parure vestimentaire, objet de polémiques, de mensonges, de contradictions, qui a changé la captation de l’ensemble de la face, la réduisant aux yeux et au front, mimiques si expressives de la bouche, occultées.
Puis ce confinement, activateur des problématiques d’un enfermement mal supporté, a été décrété, épisode de solitude où les troubles psychiques ont dévoilé les fragilités de l’humain social oublié. Les sujets jeunes ont perdu le droit à la frivolité et à l’insouciance, ceux de la mi-vie leur emploi, leurs projets et leur illusion, les autres proches du franchissement des limites de l’entrée au purgatoire, l’espérance du jour attendu, celui de demain. Quelques-uns pourtant ont échappé au drame individuel, privilégiés des écarts économiques, professionnels, résidentiels marqués. Ils ne sont pas restés indifférents à la détresse collective dans un pays enraciné dans une cuture du prendre soin escortée par l’entraide et la solidarité.
Adieu 2020, année du danger et du risque, du stress et de l’angoisse. Tu quittes le calendrier sans assurer au monde que le mal propagé te suivra dans l’oubli.
Bienvenue 2021 sur qui repose l’espoir de cette trouée de bonheur dans un marasme indescriptible, axant désormais les vœux sur la préservation de la vie et le maintien du bien-être
Bonne Année, à votre santé.
Fait à Saint-Claude le 26 décembre 2020.