La sexualité du couple (partie 1)

Le rapport de l’homme et de la femme n’est pas un rapport naturel, c’est un besoin naturel qui s’exprime dans un rapport socialisé, c’est-à-dire conditionné par la vie sociale et l’histoire des sociétés. Dans une société aliénée, l’amour et la sexualité sont indéniablement aliénés. Les interdits et les tabous sont les expressions de cette aliénation.

Cependant il ne faut pas perdre de vue que le déclenchement du désir et sa survivance sont liés à l’interdit. L’évolution des moeurs a opéré un bouleversement des représentations sociales de la sexualité. Le temps de celle-ci s’est considérablement allongé, de l’adolescence à la ménopause ou à l’andropause. L’âge du premier rapport sexuel pour la fille comme pour le garçon est de 17 ans ; les traitements hormonaux féminins et la prise masculine de viagra ou de cialis prolongent le désir. L’apparition de la contraception a permis la scission entre l’acte sexuel et le risque de grossesse.

Allégée de ce poids, la femme s’est glorifié d’un accès au plaisir à l’instar de l’homme. La jouissance et l‘orgasme sont devenus des représentants de l’égalité d’avec le partenaire.Claude CREPAULT écrit : « A l’époque victorienne, la femme qui se permettait un plaisir orgastique était perçue comme une déviante. Aujourd’hui c’est exactement le contraire. A la nécessité de ne pas avoir d’orgasme c’est substitué l’obligation d’en avoir. On est passé d’une aliénation à une autre. »  Souvent elle est à la recherche de l’orgasme sans savoir ce qu’est l’orgasme.

L’implantation d’un conflit a changé de champ, pas de nature. Elle conserve l’ignorance de ce qui constitue la totalité du sexuel : sa dimension inconsciente. La femme et l’homme n’ont pas une psyché identique. La psyché s’édifie par ce qui est transmis par les parents : les effets tactiles, l’intensité du toucher, la douceur des mots, le contact, la stimulation de certaines parties du corps érigées en zones érogènes, en particulier la bouche, l’anus, la zone urinaire et génitale, lieux de pénétration et d’expulsion permettant des échanges dedans/dehors. La zone érogène n’est pas un simple point sexuel du corps mais l’inscription du fantasme dans la chair. Les zones sexuelles peuvent rester silencieuses du point de vue de l’excitation, et les localisations corporelles sans rapport avec l’anatomie de la sexualité, des sources vives de plaisir et de satisfaction.

L’enfant ne reste pas indifférent à ces manipulations dispensatrices de plaisir et d’excitation. Il reçoit les sentiments issus de la vie sexuelle de la mère. Le développement de la sexualité du nourrisson se caractérise par la recherche du plaisir étendu à toutes les zones du corps.

La contraception autorise la femme à faire coïncider acte sexuel et désir d’enfant et à réconcilier sexualité et reproduction. Cependant en consultation s’entend l’envie d’avoir un enfant du père ou de la mère, fantasmes inconscients, en dehors de la libération sexuelle, ancrés dans l’infantile. La permissivité sociale n’a pas d’impact représentatif sur ce conflit psychique et ne lève pas le refoulement.

Le couple est une mise en commun de deux imaginaires. Il se forme sur la base de la satisfaction. A travers le choix inconscient du partenaire, s’opère une attraction dont le but est la découverte de l’intimité corporelle et le partage de la libido.

La sexualité est une large gamme de comportements, d’états émotionnels et de pratiques socioculturelles. Régulée par des normes sociales qui indiquent ce qui est obligatoire, valorisé, anormal ou interdit, elle change en fonction de l’évolution des sociétés. Il y a 60 ans par exemple une femme n’aurait pas dormi nue de crainte de voir son Dieu déserté la maison. La mère de cette dernière n’aurait pas osé soulevé sa longue chemise de nuit, donnant son corps en offrande.

L’homme dont le processus psychique et le plaisir sont façonné différemment, les soins de puériculture, le mode d’éducation, la domination apprise du corps de femme – l’acte sexuel peut être imposé dans le couple- a une vision autre de la relation amoureuse.

D’abord il a plus de partenaires dans la vie que la femme. A 40 ans, il a en moyenne fréquenté douze partenaires. La durée de l’amitié n’est pas spécifiée. La parole sur le sexe est libre, colorée racontant des rencontres anciennes ou récentes. Son but premier est de lire dans le regard du vis-à-vis de la gêne ou un intérêt annonciateur de plaisir par procuration. Dans les groupes d’hommes, la vantardise à propos des multiples conquêtes ou mieux, les sous-entendus, signalent la rivalité d’un partage supposé. Le pays est petit. S’agissant de la vie commune avec l’amie ou l’épouse, les mots deviennent prolixes, comme si une réserve devait s’ériger en protection à la sphère privée. La femme se contente d’émettre des petits gloussements quand l’impertinence des questions la surprend.

La sexualité du couple.

Tout mariage non consommé peut être dissous. La loi propose à ceux qui se sont embarqués dans une histoire tortueuse, d’en sortir. Le mariage comporte dans ses droits, celui de l’acte sexuel. En grande majorité, les gens pensent que le sexe a une place importante dans leur vie. L’idée qu’ils se font de la sexualité est :

  1. L’amour
  2. Le plaisir
  3. La fidélité.

L’amour au premier plan démontre que la fonction psychique est la plus importante. L’humain a besoin d’être conforté dans sa valeur propre, dans son estime de soi, dans sa capacité à plaire, d’aimer et d’être aimé. Le partenaire idéal est celui qui donnerait confirmation à sa capacité de séduction. L’amoureux con sidère comme qualifiée la partenaire qui lui renvoie une image positive dans l’intensité de l’investissement. Cet appui narcissique assoit la stabilité de la relation. L’amour est en fait du désir.

Le plaisir dont il s’agit est de l’ordre de la jouissance. Une surestimation sexuelle de début ne donnant pas la satisfaction attendue va générer une déception, rarement mis en mots : le ça ne se parle pas. Les griefs accumulés sont des déplacements sur une source extérieure réelle. Le danger fantasmatique est intérieur. Solution trouvée pour une économie psychique.

Quelques plaintes surgissent à propos du rythme de l’un ou de l’autre, du matin ou du soir, la rareté de l’acte se justifie. Pour les couples de moins d’un an, la fréquence des rapports sexuels est de 3 fois par semaine, l’équivalent de 12 par mois. Pour ceux qui ont plus de 15 ans de vie commune, ils sont de 7 par mois. Face au sida des hommes prennent des risques considérables. Ils ne mettent pas de préservatifs. La consommation moyenne de préservatifs est de 4 par personne et par an dans la tranche d’âge des 16-45 ans, contre 6 en Allemagne et 9 en Espagne. Le sida et la séropositivité conservent encore les marques de la honte. Même en parler c’est l’avoir dans la représentation du grand public.

Il est à noter une baisse du désir dont souffre le partenaire délaissé. L’accroissement de la responsabilité, l’obligation de performance, transfèrent le désir sur les activités professionnelles. La réussite sociale devenant le pivot de l’existence cristallise une satisfaction jugée supérieure à la jouissance physique. Le désintérêt envers les affaires de sexe se reporte dans la consultation de sites pornographiques ou érotiques sur Internet dans le surgissement d’une jouissance virtuelle. Le déclin de la libido s’explique par le manque de temps, l’accroissement du stress qui actualisent des troubles tels la panne sexuelle, l’anorgasmie, l’impuissance, le vaginisme.

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