Formuler des vœux ne suffit pas à inverser la courbe des nombreuses difficultés rencontrées par une population touchée par la dramaturgie de la suspension des personnels en lien avec la santé, le scandale de la distribution de l’eau (l’accès à l’eau est un droit), les traumas générés par la tempête Fiona. La Guadeloupe subit de façon inconsciente les effets d’une sinistrose qui s’exprime à travers la violence retournée contre soi et contre les autres. Et pourtant, le pays s’accroche à une ligne de vie dont la trajectoire varie en fonction des personnalités et des individus. Tenir bon, serrer les dents, avancer coûte que coûte devient le leitmotiv de ceux qui ont bénéficié d’un héritage ancestral transmis de génération en génération.
Sommes-nous conscients que 2023 sera une année charnière où un retour sur soi s’impose de manière impérative afin de faire face à l’adversité ? Sommes-nous prêts à ne pas se laisser terrasser par la peur du manque créé de toutes pièces dans le but de soumettre les volontés à l’illusion de l’avoir impossible à combler ? Sommes-nous enfin décidés à amorcer une édification collective en se fiant à nos seules forces, et à nos valeurs gommées par le doute de soi et l’imposition de rêves qui ne sont pas les nôtres ? Tant de souhaits à partager, utiles à l’amorce de tout débat où chacun aurait son mot à dire, sans tenir à l’écart une seule pensée, une seule formulation sous prétexte qu’elles sont issues de vents contraires.
Ce peuple de Guadeloupe a donné naissance à des champions dans toutes les disciplines, combien même serait valorisé uniquement celles du corps, occultant l’intellect et les savoirs scientifiques. La reconstruction passe par un inventaire témoignant de ses innombrables capacités d’adaptation dans divers domaines, du déploiement de son énergie à démontrer et à dire ce qu’il ne veut pas, à refuser les compromissions, et à enfin organiser avec détermination une résistance dont la résonnance traversera les décennies à venir. A charge pour les enfants en devenir de suivre l’exemple de leurs parents.
Meilleure année 2023 débarrassée de l’angoisse d’une pandémie dont les rhizomes ont fragilisé les familles et les amitiés qui pourtant ne rouillent pas, pandémie qui a réveillé la méfiance envers les politiques de santé de piètre efficacité. Que l’an nouveau permette aux personnes fragilisées par les épreuves de bénéficier de soutiens propices à leurs aspirations, les institutions d’entraide existent, autant que les liens tissés d’une Guadeloupe solidaire. Meilleure année aux déceptions qui doivent s’effacer au profit de l’espoir d’une conscience de soi retrouvée en vue de projets novateurs. A défaut d’être bonne et heureuse, cette année 2023 se devrait d’être meilleure sur le plan de la sérénité qui dépend de chacun et de tous.
Fait à Saint-Claude le 31 décembre 2022
